« Paul Kagame n'a pas qualité pour commenter les élections de 2023 » (Muyaya)

''Je me demande bien si ceux qui préparent les notes du président Kagame avaient bien fait leur travail parce qu'il est très en retard. Je crois que ce discours, il aurait dû le prononcer il y a une semaine ou il a été distrait, il n'a pas suivi l'actualité Congolaise qu'il affectionne tant", tacle d'emblée Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, lors d'un briefing presse, en réaction aux propos du président Rwandais Paul Kagame, qui a estimé le président Félix Tshisekedi n'a pas gagné les dernières élections et tente de reporter les prochaines.
"Le président Kagame n'a pas qualité pour faire un quelconque commentaire en qui concerne les élections. Avant de parler élections, on doit parler liberté d'expression. Est-ce-que la liberté d'expression existe au Rwanda ? On parle de liberté de manifestation. Existe-t-elle au Rwanda ?", s'interroge Patrick Muyaya.
''Comment est-il arrivé au pouvoir ? Quelle est la méthode qui a été utilisée ?", tant de questions que se posent le ministre de la Communication et des Médias auxquelles il répond de manière négative.
"Vous vous souvenez du référendum qui a eu lieu en 2015, où à 99,1% on a dit oui à une forme de présidence à vie. Il s'est assuré de rester au pouvoir jusqu'à 2034".
Kagame n'est pas un modèle
''Il vaut mieux d'abord qu'il regarde chez lui si les Rwandais sont libres de s'exprimer, libres de manifester, s'il est en mesure de supporter une quelconque opposition à sa pensée unique", l'exhorte Patrick Muyaya.
Sans vouloir en dire davantage, il estime que ''pour tout ce qui concerne la démocratie mondialement, il est le dernier sur la ligne. C'est connu".
Déclaration consécutive à la déception
''Nous savons finalement que les déclarations qu'il fait sont consécutives à sa déception de toujours penser jouer un rôle en RDC parce qu'il se fait non seulement porte-parole du M23 mais lui et son gouvernement se présentent comme protecteurs des communautés congolaises. C'est au nom de quel mandat ?'', s'interroge encore Patrick Muyaya.
"Il est possible pour Kagame de faire sa politique dans son pays et nous laisser faire la nôtre. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas à lui de venir nous dire ce que nous devons faire".
Sans tergiverser, il dénonce notamment le fait que ''son ambition aujourd'hui c'est de déstabiliser le président Félix Tshisekedi, c'est l'œuvre dans laquelle il s'est engagé. Je crois que ses alliés le lui ont dit. Ce n'est pas parce que vous agitez un mouvement terroriste que vous avez fait renaître parce que la violence qui vous a toujours guidé, et vous pensez que cela est suffisant pour perturber non seulement la RDC de manière entière mais surtout briser l'élan dans lequel nous sommes".
Pour Patrick Muyaya, "du point de vue économique, tout le monde note que nous faisons des progrès au Congo. Je pense que le fait que le Congo est revenu sur la scène internationale pour prendre finalement sa place le gène beaucoup. C'est cette volonté permanente de s'assurer que le Congo est fragilisé qui le guide. Aujourd'hui, les pas faits par le président Tshisekedi et les différents progrès le gênent dans sa politique. Pour lui, il faut le saboter".
Interférer dans les élections
''Le calcul derrière, ce n'est pas seulement de faire cette déstabilisation politique à travers cette situation sécuritaire mais c'est aussi interférer dans les prochaines élections. C'est évident", martèle Patrick Muyaya.
Qui denonce que ''nous savons tous qu'il a des relais ici, qu'il s'est particulièrement rapproché de certains hommes politiques ici pour s'assurer qu'en 2023 il ait des personnes qui soient à sa disposition pour continuer sa politique de bradage et de pillages".
Pour lui, ''le schéma qui veut que la paix soit rétablie, qui veut que nous parlions économie de manière transparente n'est pas le schéma qui l'arrange. Et parce que ça ne l'arrange pas, il trouve des moyens pour perturber. Je pense que cette guerre qu'il fait en RDC est une guerre de trop".
Patrick Muyaya tacle encore : ''le véritable responsable de tout ça, c'est qui finalement si ce n'est pas lui ? S'il est tant préoccupé par l'organisation des élections en RDC, il peut demander à ses troupes et ce M23 de vider le lieu. Ce n'est pas difficile, c'est ce qui est prévu".
Paul Kagame "pense que c'est le prétexte que nous voulons utiliser. Encore que si c'était cela le contexte, on n'aurait pas fait notre part en ce qui concerne l'organisation des élections".
Et de conclure : ''de toute évidence, sur la démocratie, il peut encore apprendre des leçons chez nous. Vous avez vu hier l'exercice d'échanges entre le Chef de l'État et les jeunes. Je ne suis pas sûr que pas que dans son pays c'est possible".
Lors d'une tribune au niveau du Parlement Rwandais, le président Paul Kagame a tenu des propos polémiques sur la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC, allant jusqu'à nier la victoire de Félix Tshisekedi aux les élections de 2018.
Dieumerci Lusakumunu