16 Décembre 2019

Un an après le massacre de Yumbi (Mai Ndombe), la justice n'a pas avancé d'un pas (ASADHO)

Justice le 16/12/2019 à 09h18
Un an après le massacre de Yumbi (Mai Ndombe), la justice n'a pas avancé d'un pas (ASADHO)
"Une année après, pour un massacre odieux, nous constatons que la justice n'a pas pu avancer de plusieurs pas", déplore le président de l'Association africaine des droits de l'homme (ASADHO) qui précise que "selon les informations que la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) avait recueillies sur terrain, il y a plus de 500 personnes, des victimes directes, mais autour d'elles, il y a des familles qui attendent justice".

Pour Jean-Claude Katende, "c'est donc des milliers de personnes qui attendent que la justice agisse pour que la vérité soit connue, que les véritables auteurs de ces exactions et les commanditaires aussi" puissent être identifiés et sanctionnés.

Un massacre odieux...

Entre le 16 et le 18 décembre 2018, plus de 500 personnes avaient été tuées dans le territoire de Yumbi, situé dans la province de Mai Ndombe, issue du démembrement de l'ancien Bandundu.

Au terme d'une enquête menée sur place pour documenter ces exactions, la FIDH publiera son rapport le 29 mars dernier. Ce document révèle que les tueries ont été également perpétrées en dehors de Yumbi, s'étendant jusqu'à Bongende, Nkolo I et Nkolo II, dans la même province.

En sus du meurtre de 535 personnes, ce rapport avait recensé d'autres crimes contre l'humanité à savoir les mutilations, y compris sexuelles, les actes de tortures, des traitements dégradants et inhumains, les pillages, les incendies de bâtiments, en grande majorité des lieux d'habitation.

L'enquête révélait aussi que ces crimes ont été commis "lors de violences entre les communautés Batende et Banunu vivant sur ce territoire, dans un contexte de rivalités et tensions récurrentes" entre les deux peuples.

Ces tensions ont été exacerbées, précise la FIDH, en décembre 2018 suite à un désaccord sur le lieu où devait être enterré Mantoma Fedor, chef de la communauté Banunu qui venait de mourir.

L'image du pays ternie

Pour le défenseur des droits de l'homme, l'enjeu est bien plus grave car "c'est l'image de la justice dans notre pays".

"Il n'y a pas accélération pour rendre la justice aux victimes de plusieurs violations de droits de l'homme qui ont eu lieu en RDC", constate-t-il.

Jean-Claude Katende est d'avis que "Yumbi est un exemple et ce qui est malheureux est que les bourreaux sont toujours en liberté. Les commanditaires le sont aussi, une année après", ajoute-t-il.

Pas de justice sans réparations

"Comment peut-on reconstruire un pays dans ces conditions-là?", s'interroge l'avocat qui souligne qu'il "faut que la justice fonctionne". 

Pour le président de l'ASADHO, "c'est dommage qu'une année après, aucune procédure n'est mise en place pour rendre justice aux victimes".

Jean-Claude Katende considère que le fait "d'ouvrir un dossier judiciaire n'est pas suffisant pour les victimes. Elles ont besoin de la justice et des réparations", souligne-t-il.

L'enquête de la FIDH s'est déroulée à Yumbi du 23 février au 1er mars, lui permettant de recueillir plusieurs témoignages de victimes, témoins, représentants religieux, de la société civile et de quelques autorités locales.

D'après cette organisation, ces crimes "ont probablement été prémédités et soutenues par certaines autorités locales". À l'époque des faits, environ 16 000 personnes avait fui ce territoire du Mai Ndombe craignant pour leur sécurité. 

Alain Tshibanda
 
Dans la même rubrique
  • 3 présumés auteurs de rapts à bord de taxi aux arrêts à Kinshasa (Police)

    le 16/12/2019 à 12h49

  • Juge accesseur tué à Popokabaka (Kwango), la société civile interpelle la justice

    le 15/12/2019 à 13h40

  • Violences sexuelles en Centrafrique, l’expertise du Dr Denis Mukwege sollicitée

    le 29/11/2019 à 13h56