19 Octobre 2019

La Banque mondiale disposée à appuyer la gratuité de l'enseignement de base en RDC

Enseignement le 18/10/2019 à 08h47
"La coopération entre la Banque mondiale et la RDC est arrivée à un moment intéressant de son histoire", a estimé, jeudi dernier, Jean-Christophe Carret qui annonce, qu'en attendant l'approbation du Conseil d'administration, l'institution financière s'engage à appuyer la gratuité de l'enseignement de base mise en œuvre depuis septembre dernier. Le directeur opérations de la Banque mondiale en RDC précise que trois postes seront financés, après approbation de l'opération d'appui d'urgence par son Conseil d'administration: "Nous allons financer le paiement de salaire des enseignants, leur transport et les frais de fonctionnement des écoles", a soutenu Jean-Christophe Caret.

Un partenariat très actif...

Jean-Christophe Carret, qui rappelle que la coopération entre la Banque mondiale et la RDC est un partenariat qui existe depuis la fin de la guerre depuis 18 ans, estime qu'il est "très actif".

"Nous avons actuellement un portefeuille de projet de 3,6 milliards de dollars. Aujourd'hui à Washington, nous avons discuté de 3 choses. Premièrement c'est la mise en œuvre des projets qui sont déjà effectifs. L'idée est de savoir ce qu'on peut faire pour accélérer les réalisations de ces projets, de manière à ramener rapidement les bénéfices aux populations", a-t-il expliqué. 

Deuxièmement, poursuit le directeur opérations de la Banque mondiale en RDC, "vous l'avez entendu et c'est très important, nous, on travaille par cycle de 3 ans et donc la RDC obtient chaque 3 ans une enveloppe. Là, on est à la fin de la troisième année. Il est très important que la RDC puisse engager tout ce qui est encore dans l'allocation [réservée au Congo] pour les 3 ans qui finissent. Et là, il faut engager 1 milliard de dollars pour les 6 prochains mois".

Une nouvelle enveloppe encore plus consistante

Troisièmement, la RDC "va recevoir une nouvelle enveloppe qui sera encore plus grande que la précédente", annonce Jean-Christophe Carret qui souligne que "l'idée est de savoir, dans le cadre de ce partenariat, quelles sont les priorités du Président Tshisekedi et de son gouvernement afin de voir comment est-ce que la Banque mondiale peut les accompagner".

Il reconnaît que "les périodes de transition politique, comme celle que la RDC vient de vivre, ont été assez longues et ont constitué des moments peu propices à un décaissement pour les portefeuilles".

Mais, assure-t-il, "les discussions que nous avons eues avec le ministre des finances et sa délégation nous rendent optimistes pour accélérer les décaissements".

Jean-Christophe Carret "précise que les taux des décaissements qu'on fixe aux portefeuilles de projets de la Banque mondiale, dans l'ensemble de la région de l'Afrique, c'est 20 %".

Or, soutient-il, "l'an dernier, la RDC a réussi à décaisser 26% malgré la période électorale. La RDC est un pays qui a des bonnes performances en matière de gestion et de mise en œuvre de projets du portefeuille de la Banque mondiale. Maintenant, il fait aller au-delà ces 26%".

Ainsi, avec l'alternance et la mise en place du gouvernement, la Banque mondiale souhaite "aller au-delà. Il faut qu'on puisse faire plus. Nous devons engager de l'argent sur des nouveaux projets. On doit, non seulement, faire grandir les stocks mais on doit aussi accélérer les décaissements.

"On se fixe des objectifs encore plus ambitieux. La Banque mondiale est prête à engager 5 milliards de dollars sur 5 ans, donc environ 1 milliard de dollars par an. C'est le nouveau projet. Aujourd'hui, 500 millions sont décaissés chaque année", a laissé entendre son directeur opérations en RDC.

"Ces 5 milliards ne sont pas une aide budgétaire. C'est une enveloppe à la portée de la RDC qui peut l'aider à réaliser ses investissements (construction des routes, hôpitaux, etc.)", explique-t-il. 

Engager le pays sur la voie des réformes

Éventuellement, l'institution financière souhaite "apporter de l'aide budgétaire en contrepartie des réformes" que soit mener le pays en matière de gouvernance économique, explique Jean-Christophe Carret.

Pour l'instant, précise-t-il, "on est en train de préparer un appui budgétaire qui pourra être présenté au Conseil d'administration que quand il y aura eu un accord pour un programme avec le FMI".

"Nous sommes en train de préparer un projet d'urgence d'appui à la gratuité du secteur de l'éducation", poursuit-il. 

Qui explique que "les milliards que nous allons engager cette année, c'est pour appuyer l'éducation. Cet appui à la mesure de la gratuité du secteur de l'éducation est un appui d'urgence. L'idée c'est que, contrairement à ce qui se passe d'habitude où on met 12 mois à préparer une opération, on puisse présenter une opération d'un milliard au Conseil d'administration de la Banque mondiale qui comprenne toutes les mesures qui vont faire en sorte que cette opération soit réussie. Mais je ne sais pas la proportion qui sera réservée au financement de l'éducation".

Jean-Christophe Carret relève qu'il y a "18 millions d'élèves qui suivent les cours à l'école primaire. C'est déjà beaucoup, c'est ça que nous voulons aider. Mais il y a encore 3 millions d'enfants qui pour l'instant ne vont pas à l'école parce que les parents devraient payer. Cette opération va permettre à ces millions d'enfants d'aller à l'école et ça c'est très important. Mais il faut que ça se passe bien donc l'opération sera présentée au conseil d'administration quand on sera certain que les mesures de gouvernance, dans les secteurs de l'éducation et des ressources humaines, ont été correctement analysées de manière à ce que cette opération soit correctement présentée", a fait savoir le directeur opérations de la Banque mondiale en RDC.

Pour l'instant, précise Jean-Christophe Carret, "nous nous sommes engagés à aider le gouvernement à financer la gratuité mais pour le moment, c'est un engagement conditionnel car tout doit être validé par le Conseil d'administration de la Banque mondiale. On ne peut pas vendre la peau de l'Ours sans lavoir tué".

Financement de la couverture santé universelle 

"C'est un programme ambitieux et louable du gouvernement de mettre en place une couverture universelle santé. Ça fait partie des discussions que nous avons avec le gouvernement. Aucune décision n'a été prise à ce jour sur cette question"
, fait savoir le directeur opérations de la Banque mondiale en RDC.

Qui dit n'avoir aucun commentaire à faire sur le fait de savoir si la mise en œuvre de la gratuité de l'enseignement de base a été une mesure prise de manière précipitée ou non: "C'est le Président de la République qui a décidé", constate-t-il.


"L'idée de savoir que 3 millions d'enfants n'allaient pas à l'école me soucie",
dit-il.

"Tous les 3 ans, quand les enveloppes IDA sont négociées entre la Banque mondiale et les pays, elle décide d'une règle pour l'attribution de ces enveloppes. Quand un pays est très pauvre et pas trop endetté, il obtient des prêts à taux hautement bonifié. La RDC est un pays avec un taux de pauvreté très élevé mais qui a, en raison d'une bonne gestion macroéconomique, un niveau d'endettement très peu élevé, les règles du jeu font qu'on arrive à une enveloppe qui est partagée à parts égales entre les prêts et les dons à taux bonifiés"
, explique Jean-Christophe Carret.

"La RDC est un bon élève et il n'y a pas des conditions en dehors de celles liées à l'utilisation des fonds attribués par la Banque mondialeI. C'est valable pour tous les projets", tranche-t-il.

Alain Tshibanda 
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