« Le port en eau profonde de Banana donnera à la RDC une indépendance logistique » (Modero)

"La RDC va beaucoup gagner sur le plan de son indépendance logistique pour tout le pays. Sur le plan économique cela va réduire tous les frais que nous payons chaque fois que nous passons en transit par le port d'Abidjan ou de Pointe Noire", explique, sur TOP CONGO FM, Modero Nsimba Matondo, ministre de Tourisme, au lancement des travaux de construction du port en eau profonde de Banana par le président de la République.
''Malgré sa grandeur le Congo n'a jamais eu de port en eau profonde. C'était nécessaire qu'un pays qui a une ouverture vers l'océan ait son propre port'', rappelle-t-il.
Le ministre du Tourisme précise que ''ce n'est pas l'ensemble du port qui a été donné en concession à l'entreprise DP World, mais c'est le terminal conteneur. Et la République attend d'autres moyens, d'autres partenaires pour construire soit le port gazier ou le port pétrolier. Donc, il y a encore plein d'opportunités sur le site de Moanda''.
Près de 40 kilomètres de côte
"La côte de la République mesure 38 KM, une quarantaine s'il faut considérer la partie couverte par le Mangrove. Donc céder le quai à conteneurs à DP World n'exclut pas que la RDC et d'autres partenaires ou que la RDC ait des ambitions comme dans la définition de grands projets qui donne les détails sur le quai pétrolier, le quai comme nos frères de l'Angola".
Selon lui, "le Congo a encore une large palette d'opportunités à offrir soit aux partenaires ou il peut construire lui-même un grand port''.
Nécessité de relancer le chemin de fer
Modero Nsimba rassure que ''le port, en lui-même, est viable parce qu'il donne beaucoup d'opportunités même de transport'', mais il note que ''sur le plan économique ça nous renvoie vers d'autres obligations en termes de transport multimodal. Donc, nous sommes obligés de réaliser le projet de 142 Km du tracé du chemin de fer Banana-Matadi via le pont maréchal''.
Il insiste sur le fait que "nous sommes obligés de relier la côte par un pay plan. Parce qu'avec la possibilité de construire un quai pétrolier, on ne pense plus tout soumettre sur la route. Donc la République a effectivement l'obligation de relancer le projet chemin de fer''.
Cependant, il relève que ces infrastructures ne sont pas du tout inclues dans les accords signés entre DP World et la RDC.
''Elles sont définies dans le plan d'industrialisation de la RDC, dont la partie chemin de fer demande 9 milliards de dollars. Donc, c'est à nous, nous devons nous battre pour donner des infrastructures nécessaires pour que la rentabilité du port soit totale''.
Fluidité dans le traitement des marchandises
En ce qui concerne le changement que la construction de ce port peut apporter dans le transport de fret en RDC, Il note en premier lieu ''le changement de la question du retard dans le traitement de marchandise''.
Modero Nsimba rappelle que ''beaucoup de nos compatriotes souffrent parce que chaque fois il faut passer par Matadi et Boma. Lorsque la navigabilité sur le bief maritime n'est pas bonne ça crée du retard mais aussi le vieillissement des équipements du port de Matadi et de Boma".
Mais avec le port en eau profonde de Banana, ''en terme de fluidité de traitement de marchandise, c'est déjà quelque chose et qui dit retard ou dépassement du timing de traitement ça veut dire paiement des amendes ou des taxes de plus''.
Il reste convaincu que ''ça va quand-même booster la province du Kongo-central et l'ensemble de la République démocratique du Congo sur le plan économique''.
Il note également la problématique du coût de transit. Le ministre du Tourisme fait savoir que ''lorsque le transit prévu par Abidjan et Pointe-Noire n'aura plus lieu, ça donnera une réduction de coût de transit. Nous passerons de 1250 Euros à 400 Euros".
C'est dans ce cadre qu'il félicite le président de la République ''qui n'a pas seulement marqué sa volonté de donner cette indépendance économique et logistiques à notre pays et qui a finalement réussi à réaliser sa promesse faite depuis sa conférence de l'Ituri".
Comme le port de Matadi engage plus de 3000 employés, il estime que ''dans 5 ans, le port en eau profonde de Banana prévoit une main-d'œuvre de pas moins de 5000 agents. Le port va engendrer plusieurs circuits sur le plan logistique. Mais ce sera 5000 emplois directs et indirects dans la zone portuaire. Ça peut aller de Banana vers Matadi''.
Aucune incidence environnementale
Alors que ce port sera érigé à proximité de la zone protégée de mangrove, Modero Nsimba souligne que ''nous sommes pas les seuls. Même le port d'Abidjan est en plein baie de milliardaires qui est également une zone protégée. Tous les ports, le long de la côte atlantique partagent le même environnement avec différents réserve de Mangrove".
Il rassure cependant qu'''au niveau du Congo, des études d'impact environnemental ont été menées avec des bureaux d'études si sérieux".
Pour lui, "tous ces aspects ont été pris en compte et surtout que la zone protégée de mangrove n'est pas directement sur la zone de vidange du mouvement des navires et je pense aussi que le port prévoit une unité de traitement des eaux usées. Donc on doit éviter qu'on transforme la zone portuaire en une zone de vidange comme dans d'autres pays. Mais ce n'est pas prévu dans le projet actuel''.
La construction de ce grand port en eaux profondes, fruit de l'accord signé et réévalué l'an dernier entre le gouvernement Congolais et l'entreprise émiratie DP World est évaluée à plus d'1 milliard USD pour une durée de 2 ans. Dans sa première phase, il sera question de construire un quai de 600 m2 et de 25 hectares d’espace de stockage pour un coût de 350 millions USD.
Dieumerci Lusakumunu