« Il n'y a pas d'autorités dans notre pays » (Cardinal Ambongo)

Si les vendeurs du marché Matadi Kibala reviennent, malgré sa fermeture, "c'est parce qu'il n'y a pas d'autorités dans notre pays. S'il y avait une autorité réelle, la fermeture restera une fermeture", relève le Cardinal Fridolin Ambongo, lors de la messe de suffrage qu'il a célébrée mercredi soir à la Paroisse Notre Dame du Rosaire/Matadi-Kibala, pour le repos éternel des victimes de l'incident malheureux de ce marché.
"Mais le peuple a besoin des marchés. On ferme, mais il faut satisfaire le besoin des marchés. Il faut un marché à Matadi Kibala, mais pas sur la voie publique. N'attendons pas qu'il y ait des catastrophes pour qu'on intervienne" exhorte-t-il.
"Chères autorités, comment avez-vous laissé un marché s'installer impunément sur la voie publique et à un endroit à haut risque, au mépris de la loi existante de l'Etat en cette matière ?", s'interroge le Cardinal Ambago dans son homélie.
"Je voudrais que le drame du marché Matadi Kibala nous interpelle tous et toutes, en premier lieu nos autorités politico-administratives qui ont à veiller sur le bien et la sécurité de leurs compatriotes".
Passivité et négligence
Le prélat catholique ne comprend pas "pourquoi les autorités chargées pourtant de faire observer et d'exécuter toutes les mesures sécuritaires n'étaient pas à temps passées à l'acte ? Pourquoi une telle passivité et une telle négligence ?".
Raison pour laquelle "j'interpelle aussi bien les gouvernants que la population à nous épargner ce genre de drames évitables et à prévenir de tels chaos".
Parce que "gouverner, c'est prévoir et non attendre passivement les accidents malheureux pour nous mettre à traquer en vain les coupables et à enterrer les morts".
Le Cardinal Ambongo demande à la population "de ne pas exposer la vie humaine dans des zones à risque et dont l'occupation est interdite par la loi du pays, bien que je partage (votre) souci de la quête parfois désespérée de la survie matérielle dans un contexte de pauvreté".
Et de trancher : "nous ne voulons plus continuer à mourir à cause de l'irresponsabilité des uns et des autres, et en particulier de ceux et celles qui ont le devoir de nous assurer la sécurité, la paix et le bien-être".
Obsèques officielles ce vendredi
Mercredi 2 février 2022, 25 personnes sont officiellement mortes électrocutées au marché Matadi Kibala quand un câble haute tension de la SNEL s'est détaché d'un pylône, tombant dans une flaque d'eau où étaient regroupés, sous la pluie, les vendeurs.
"La nouvelle de cette tragédie nous était arrivée comme un coup de tonnerre dans un ciel serein et nous avait tous plongés dans l'affliction et la consternation", note Fridolin Ambongo.
Selon le programme publié par l'hôtel de ville, les obsèques de ces victimes seront organisées ce vendredi au terrain vélodrome de Kintambo.