« L’intérêt du peuple n'était pas du tout une priorité dans le secteur minier » (Ministre)

''Le mal est profond. Nous étions dans un système où l'intérêt du peuple n'était pas du tout une priorité. Le secteur minier était l'affaire d'un groupe de gens. On pouvait avoir des titres miniers sans payer les droits de l'État. Nous avons trouvé une situation de non État dans ce secteur. Les gens travaillaient pour profiter seuls des richesses du pays, oubliant que c'est pour l'intérêt général", explique, invitée du Magazine Le Débat, la ministre des Mines, Antoinette Nsamba Kalambayi (Photo).
Qui relève que six mois après son entrée en fonction ''nous sommes en train de travailler, mais le mal est profond et les gens ont l'impression qu'on ne fait rien. Et pourtant, nous sommes en train de poser les bases. C'est peut-être dans un avenir proche que nous allons couvrir ce grand fossé et jouir du travail que nous abattons aujourd'hui".
Au sujet du travail déjà réalisé depuis son entrée en fonction, elle affirme que ''nous avons premièrement organisé les états généraux des mines pour savoir ce qu'il faut faire pour le lendemain du Congo et ses minerais. Nous avons eu des recommandations. Ce, après ces recommandations que nous avons commencé notre itinérance pour palper du doigt la réalité du terrain mais aussi pour sensibiliser les fonctionnaires de l'administration des mines sur le règlement et le code miniers".
Exploitation illégale
"Après notre itinérance au Katanga et à l'Est du pays, nous avons constaté que la majorité des exploitants n'ont pas de permis d'exploitation. Ils n'ont que des permis de recherche qui ne leur donnent pas du tout le droit d'exploiter les minerais. Normalement, après avoir découvert un gisement sur base du permis de recherche, l'entreprise doit revenir vers l'État pour solliciter un permis d'exploitation. Malheureusement, la majorité de ces entreprises minières exploitent illégalement sans permis d'exploitation'', déplore-t-il.
Antoinette Nsamba rappelle que ''c'est notre ministère qui a le pouvoir d'octroyer les différents permis que disposent le code minier et le règlement minier, notamment le permis d'exploitation, le permis de recherche, le permis de carrière etc. Et nous avons également le pouvoir de les retirer. C'est après vérification du périmètre au niveau du cadastre minier (CAMI) et si tout est bon que le demandeur peut payer tous les droits de l'État. Et c'est dans la suite de cette procédure que le cadastre minier m'enverra un projet d'arrêté que je vais signer pour lui octroyer maintenant un permis d'exploitation".
300 permis illégaux suspendus
"Aujourd'hui, je viens de déchoir 300 permis aux exploitants. Selon la loi, les bénéficiaires de ces permis ont le droit d'introduire un recours endéans 30 jours. Après, nous allons maintenant examiner leurs recours. Quand c'est assez flou, nous allons procéder au retrait de ces permis. Donc, on pourrait désormais lancer un appel d'offre avec le premier Ministre, parce que c'est comme s'ils ont obtenu les permis de l'État mais ils n'en ont rien faire".
Pour elle, "les gens ont maintenant peur ont peur de venir s'aventurer dans le secteur des mines après cette itinérance. Et jusqu'à ce moment, nos équipes sont sur le terrain pour rechercher et établir les infractions. Ils vérifient dans les sites miniers si ce sont réellement les exploitants artisanaux, n'y a-t-il pas d'expatriés dans les zones d'exploitations artisanales. Si on les y trouve, ils seront directement arrêtés parce que l'exploitation artisanale est exclusivement destinée aux locaux".
Elle rappelle que "la loi recommande aux exploitants artisanaux de se réunir pour créer une coopérative minière. Le ministère va leur octroyer les documents de coopérative minière et une zone d'exploitation artisanale, mais malheureusement cette règle n'a pas été respectée durant plusieurs années. Aujourd'hui ceux qui créent des coopératives minières ne sont pas d'exploitants artisanaux", regrette la ministre des Mines.
Désordre général
"Il y a un vrai désordre dans le secteur des mines. Tout le monde est présent. Il y a des policiers, des militaires, des gouverneurs etc. Mais, nous allons lentement mais sûrement remettre de l'ordre dans ce secteur".
Pour Antoinette Nsamba , ''c'est facile de relancer les entreprises minières du portefeuille de l'État si tout revient sur le droit chemin. Au Congo, nous n'avions pas une politique de stratégie minière, comme c'est le cas par exemple des pays producteurs du pétrole. Ils savent exactement la quantité de leur réserve, ce qui est destiné à l'usage local, l'exportation etc. Mais à ce jour, j'ai mis en place une commission qui travaille sur la politique minière idéale pour la RDC".
Elle indique que ''la vision du Chef de l'État, c'est de conclure des partenariats gagnant-gagnant. Nous devons savoir ce que nous voulons réellement comme richesse minière. Ceci constitue également la priorité du ministère des Mines. Nous portons déjà le projet de valorisation et certification des minerais de la RDC. Nous avons déjà discuté avec mon collègue des Finances de sorte que nous soyons en mesure de débuter ces travaux au mois de janvier".
En effet, souligne-elle, ''avant de définir une politique minière pour notre pays, nous devons connaître la réserve minière que nous avons. Depuis l'indépendance de notre pays, jusqu'à ce jour nous ne le savons pas".
Dieumerci Lusakumunu
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