11 Janvier 2020

Renouvellement du mandat de la Monusco, l'ONU crache sur les revendications des populations de l'Est (Pr. Muhindo)

Renouvellement du mandat de la Monusco, l'ONU crache sur les revendications des populations de l'Est (Pr. Muhindo) Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé ce vendredi 20 décembre, à l'unanimité, la prorogation d’une année du mandat de la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo) et reconduit, à « titre exceptionnel », celui de sa brigade d’intervention.

En l’espèce, ce renouvellement de mandat ne plaît pas du tout au politologue et internationaliste de l'Université officielle de Ruwenzori, le professeur Muhindo Mughanda. Pour lui, les Nations-Unies viennent de cracher sur les revendications peuple congolais en général et celui de l'Est du pays en particulier.

« Il y a deux erreurs fondamentales qui viennent de se commettre. Il y a une erreur juridique parce qu’on piétine le principe de l’autodétermination du peuple et il y a une erreur stratégique militaire qui fait qu’il [le Conseil de sécurité] renouvelle le mandat mais là où ils vont travailler, [il y a]  une population qui ne leur fait pas confiance », analyse-t-il.

Or, poursuit-il, « toute stratégie militaire est basée sur la confiance que la population doit avoir à l’égard de n’importe quelle force, nationale ou internationale quelle soit ».

« Une force multinationale qui a perdu sa crédibilité dans la zone, qui n’a plus la confiance de personne, où est-ce qu’elle aura l’information? », s’interroge le politologue.

« Au minimum, que cette Monusco puisse organiser des pourparlers, des concertations avec tout le peuple, de telle manière que des voies de sortie de crise, de confiance entre la population et la Monusco puissent être trouvées », souhaite le professeur Muhindo.

À propos de la demande de coopération RDC-CPI…


L’internationaliste voit également d’un œil méfiant la demande expresse du Conseil de sécurité de voir l’État congolais coopérer, notamment avec la Cour pénale internationale (CPI).

« Pourquoi est-ce qu’on le demande au gouvernement congolais et non pas au gouvernement américain, qui a récemment sanctionné les rebelles ADF qu’ils connaissent! Ils ont dit qu’ils vont geler leurs avoirs, qu’ils vont interrompre leurs lignes de transactions. Ils l’ont dit il n’y a pas encore une semaine », pointe le professeur Muhindo Mughanda.

« Donc ils [les américains] savaient qu’ils avaient leur argent [des ADF], ils savaient quand est-ce ces gens décaissaient leur argent pour acheter des machettes », lance-t-il.

« À qui faut-il demander de coopérer pour la saisine de la CPI ? Est-ce seulement au gouvernement congolais ou faut-il aussi demander au gouvernement américain ?», s’interroge-t-il.

La nouvelle feuille de route de la mission des nations-Unies en RDC, approuvée par le Conseil de sécurité, met un accent particulier sur la protection des civils. Le nombre de militaires sera réduit et celui de policiers revu à la hausse. 

Ainsi, la Monusco gardera un effectif maximum autorisé de 14 000 militaires, 660 observateurs militaires et officiers d’état-major, 591 policiers et 1 050 membres d’unités de Police constituées, en remplacement, à titre temporaire, du personnel militaire.

Il est à noter que ce mandat, qui arrivera à échéance le 20 décembre 2020, est également politique. Il se matérialisera par un « appui à la stabilisation et au renforcement des institutions de la République ainsi qu’aux principales réformes de gouvernance et de sécurité ».

Eric Lukoki
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