Incessantes tueries à Beni, Mbusa Nyamwisi pour une réévaluation des opérations militaires
Grands lacs
le 17/12/2019 à 20h11

« Depuis novembre que les opérations ont commencé, nous avons perdu 220 personnes et plusieurs personnes disparues. Là nous sommes à peu près à 5 morts par jour dans la région. Cela se passe au Nord-Ouest et dans la collectivité de Watalinga, qu’est-ce que ça veut dire ? », se demande l’ancien membre de la plateforme Lamuka.
Traque et représailles pas au diapason…
Certes, « l’armée a annoncé qu’elle venait de prendre quelques bastions des rebelles, il faut leur [jeter] des fleurs pour ça », consent-il, mais insiste l’ancien ministre des affaires étrangères, « je crois qu’il faut réinterroger tout cela. A dire vrai, les massacres se passent sur la nationale n°4, au Nord-Ouest de Béni [tandis que] ces opérations dont parle l’armée, [se déroulent à] Mwalika, c’est au Sud-Est et Kididiwe-Vemba, c’est au centre-Est ».
Les personnes qui tuent sont vues comme des soldats…
Il poursuit, « j’ai appris, j’ai vu des propos des gens à gauche, à droite, dire que, voilà, des personnes lourdement armées sont venues d’Ouganda et tout ça. Moi, les renseignements que j’ai, n’indiquent pas qu’il y ait des personnes qui ont traversé de l’Ouganda. À Watalinga, je parle aux personnes qui ont survécu à ça [massacres], elles disent avoir vu des soldats venir en tenue militaire».
« On ne pourrait pas se taire indéfiniment se le fait que les personnes qui tuent sont vues comme des soldats congolais », s’insurge le notable du territoire de Beni et leader de l’ex mouvement rebelle RCDKML.
Allô, qui commande vraiment les opérations à Beni ?
Celui qui avait annoncé, il y a encore quelques mois, avoir suspendu sa participation à Lamuka pour prêter main forte au Président Tshisekedi, dans le cadre de la lutte contre Ebola et les groupes armés qui foisonnent dans le Nord-Kivu, fustige également l’apparente « confusion » dans le commandement des opérations militaires contre les ADF.
« Il y a aujourd’hui, à Beni, 11 généraux qui commandent cette opération. Est-ce le Chef d’état-major général ? Est-ce l’inspecteur général qui, lui-même, est arrivé ? Est-ce le commandant de Sokola ? », s’interroge Antipas Mbusa.
Il soutient, par ailleurs, de ne s’être pas désengagé de sa promesse d’aider à la fin des violences dans sa région d’origine.
« Je reste disponible. Je pense même que l’heure est au plus grand rassemblement de tous les fils de ce pays parce que le Nord du pays est en danger », avance-t-il.
Eric Lukoki
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