19 Novembre 2019

Des experts allemands attendus à Kinshasa début décembre

Politique le 17/11/2019 à 14h37
La RDC et l'Allemagne vont se retrouver début décembre prochain à Kinshasa pour "préciser et consolider ce dont [les deux pays] ont discuté à Berlin [en novembre]" mais aussi traiter du "cadre de leur coopération en général".

Ces précisions sont apportées par Pépin Guillaume Manjolo Buakila qui souligne que ces "négociations" se tiendront d'abord "au niveau des experts, et non des ministères".

"Quand on aura fini avec cette phase, on passe à la signature entre les parties prenantes, c'est-à-dire le ministre en charge de la coopération de l'Allemagne et moi-même [et tous les autres ministres qui sont concernés] dans la grande commission mixte RDC-Allemagne".

"L'Allemagne ne fonctionne pas comme les autres..."


Pépin Guillaume Manjolo Buakila invite à considérer qu'en matière de coopération entre États, il est indispensable d'identifier les pays et d'apprécier les rapports bilatéraux selon la sensibilité des uns et des autres.

"Il faut identifier chaque pays par rapport à sa façon de fonctionner. L'Allemagne ne fonctionne pas politique, elle fonctionne souvent [selon le modèle] business, investissement et industrie"
, rétorque le ministre Manjolo à ceux qui reprochent au gouvernement d'avoir globalement orienté les discussions à Berlin vers uniquement "les affaires".

"Il y a des pays qui font la politique sans cesse. L'Allemagne n'est pas trop politique. Elle est trop affaires, très recherches scientifiques, appliquées et fondamentales. Quand vous venez vers l'Allemagne, vous ne venez pas dire qu'on a mal ici, tel nous a fait mal. Ce n'est pas ça qui les intéresse"
, tranche-t-il.

Ce qui intéresse le "moteur de l'Europe", estime le ministre de la coopération internationale, est de savoir "si [la RDC] a de l'espace convenable pour faire des affaires. Si oui, vous [leur] donnez des garanties. Est-ce que vous êtes démocratique? Est-ce que la femme et l'enfant sont respectés? Oui! Et en ce moment là, [l'Allemagne] peut vous soutenir et vous accompagner".

"Nous sommes face à un pays qui fonctionne comme ça et comme le chef de l'État l'a dit, la vocation [de la RDC] est de devenir l'Allemagne de l'Afrique".


Lors du point de presse conjoint du Président Félix Tshisekedi et de la Chancelière Angela Merkel, celle-ci avait "salué les réformes initiées par son hôte et estimé que ses premiers pas étaient positifs, méritaient d'être soutenus".

"Il y a des pays qui aiment parler politique et interventions militaires mais l'Allemagne n'est pas dans cette option là. Elle est carrée par rapport aux affaires, à l'industrialisation car, à l'instar du Japon et les États-unis, ce pays est parmi les 3 plus performants au monde"
, martèle le ministre Manjolo.

Accords signés, quelle nouveauté ?


Vendredi, l'ambassadeur de la RDC en Allemagne avait estimé que les accords signés entre les deux pays notamment pour la construction de 10 000 Km de chemin de fer étaient le fruit des discussions engagées depuis pratiquement 3 ans.

Pépin Guillaume Manjolo Buakila reconnaît effectivement qu'autour de la Gécamines, "on y avait déjà pensé depuis très longtemps parce qu'il faut absolument faire sortir nos matières premières pour les amener vers Lobito", ville d'Angola située dans la province du Benguela.

"J'ai eu l'opportunité extraordinaire d'avoir été celui qui a d'ailleurs rédigé le mémorandum d'entente de Lobito en RDC. J'étais conseiller à l'époque aux affaires étrangères. Ce projet datait des années 70-77 lorsqu'on devait sortir notre manganèse de Lobito et que la guerre avait tout interrompu",
rappelle le ministre.

Qui reconnaît que "côté angolais, ils ont fait énormément d'efforts et ont avancé" mais la RDC "avait d'autres problèmes, notamment pour pouvoir partir de Dilolo et rejoindre la frontière par le chemin de fer", avoue-t-il.

"Il fallait avoir des discussions avec le FMI et la Banque mondiale mais à l'époque, on n'était pas en odeur de sainteté"
, se souvient Pépin Guillaume Manjolo Buakila.

"Maintenant, nous sommes dans des négociations. Heureusement, on a eu la garantie de l'Allemagne pour son accompagnement pour s'assurer qu'effectivement, la RDC est aujourd'hui un bon élève, qui travaille dans la transparence et qui peut être soutenue".

Entre la RDC et l'Allemagne, qui sort gagnant de ces accords?


À cette question, le ministre oppose d'abord trois autres: "avoir un chemin de fer, est-ce que cela serait perdre pour la RDC ? Avoir Inga avec Siemens et autres, est-ce que le pays perd? Avoir de l'électricité dans les zones économiques spéciales, est-ce pour le Congo perdre?".

"Non"
, rétorque ensuite le philosophe politique qui insiste surtout sur le fait que "nous sommes à la recherche de l'ouverture de la RDC. Nous voulons faire de ce pays la grande puissance en afrique, son Allemagne. Ce sont des conditions qui doivent être réunies pour arriver à cette fin".

L'objectif "RDC, l'Allemagne de l'Afrique", à quel horizon?


"Si on y met un peu de vision, du travail et du sérieux, je pense que dans les 15 ans, on peut déjà atteindre le niveau tout à fait intéressant"
, estime le ministre de la coopération internationale et de l'intégration sous-régionale.

Pour y parvenir, cette piste mérite d'être exploitée, pense-t-il : "je ne dis pas que c'est l'idéal mais si nous sortons un peu de cette focalisation sur les universités, on regarde sur la formation professionnelle directe et c'est ce qui fait l'Allemagne d'abord".

"On nous a trompé dans ce pays qu'il fallait avoir des très grands diplômes pour exister. Or ce n'est pas ça. Avec les petites et moyennes entreprises, c'est ça qui fait la puissance d'un pays",
tranche Pépin Guillaume Manjolo Buakila.

Cette semaine, le gouvernement a annoncé l'organisation du tout 1er forum sur la formation professionnelle à Kinshasa. Le but de parvenir à mettre à la disposition de la jeunesse, en particulier des jeunes femmes, des compétences professionnelles dans le cadre de la vision prônée par le chef de l'État pour lutter contre l'extrême pauvreté et les inégalités à travers le pays.

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L'émission FACE-À-FACE est disponible en cliquant sur le suivant: Pépin Guillaume Manjolo est l'invité de FACE-À-FACE du 17 novembre 2019

Alain Tshibanda

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