Le football Congolais est plongé dans un scandale depuis la publication par, Sport News Africa, d'une enquête de près de deux ans effectuée par le journaliste français Romain Molina concernant la pedrocriminalité, les chantages et abus sexuels sur mineurs qui le caractérisent depuis des décennies. 

Des faits commis par des dirigeants et techniciens de plusieurs clubs. Dans ce rapport, figurent des témoignages de grands noms du football congolais à l'instar des anciens internationaux Hérita Ilunga et Youssouf Mulumbu qui ont, tous les deux, affirmé avoir récolté des témoignages de certaines victimes.

Il y a aussi le témoignage de l'entraîneur adjoint de l'équipe nationale U23, Papy Kimoto et d'autres éléments sonores confirmant les faits. De quoi élaguer toute sorte de doute quant à la véracité des faits ? 

Le ministre des Sports hausse le ton, la FECOFA va enfin enquêter

Accusée d'avoir longtemps couvert ces pratiques, la Fédération congolaise de footbal association (FECOFA) nie toute connaissance de l'existence d'un réseau pédophile hautement actif dans les milieux du football congolais. 

Contacté, dans un premier temps par TOP CONGO FM, le secrétaire général de l'instance du Football congolais, Belge Situatala, avait d'abord indiqué que la FECOFA n'allait ouvrir une enquête que si elle était saisie de manière officielle. 

Mais après la réunion de son comité exécutif tenue en urgence jeudi, la FECOFA a finalement annoncé «la mise en place d'une commission d'enquête indépendante afin de recueillir des informations nécessaires, susceptibles de constituer des pièces à conviction en vue de mettre en œuvre les procédures administratives et disciplinaires prévues par les règlements sportifs». 

L'organe Congolais a, par ailleurs, appelé toute victime de ces abus à contacter cette commission par un numéro de téléphone rendu opérationnel pour la cause. La FECOFA a également indiqué être prête à collaborer avec  toutes les instances compétentes et organisations de défense des droits de l'homme et de l'enfant en vue de porter la lumière sur ces graves allégations. 

L'ouverture d'une enquête, c'était la demande du ministre des Sports à la FECOFA après avoir appris l'existence de ces pratiques. Indigné, Serge Nkonde a, par ailleurs, demandé au mouvement sportif, aux fédérations et groupements sportifs de mettre en place des politiques de protection de jeunes athlètes en général et des jeunes filles sportives en particulier, contre toute forme d'abus et d'harcèlement sexuel.

Lupopo crie au complot

Parmi les coaches cités comme auteurs de ces abus sexuels sur les joueurs figurent Bertin Maku, actuel entraîneur adjoint du FC Saint Eloi Lupopo. Le club de Lubumbashi engagé aux barrages de la Coupe de la confédération, voit en ces révélations une sorte de conspiration à son encontre par ses détracteurs, question de déstabiliser son staff techniqu  et ses joueurs à quelques jours du match contre le Rail Club Kadiogo du Burkina Faso en marge de la manche retour des barrages de la coupe de la Confédération, ce, après sa victoire du match aller (1-0) à l'extérieur.

Par ailleurs, Lupopo porte son soutien à son entraîneur adjoint. «Donc, tout le monde a appris qu'il y a eu abus sexuel et personne ne cite un seul nom d'un abusé. Ceux qui complotent contre Lupopo sont connus et ne réussiront pas. Ce matin, le coach Maku a reçu les encouragements du comité sportif et la promesse de l'accompagner en justice contre tous ceux qui ternissent par jalousie son image», a indiqué le secrétaire général du FC Saint-Éloi Lupopo, Donat Mulongoy.

"Dire que j'ai défendu ça, cest ignoble" (Ibenge)

Cité par Papy Kimoto comme étant l'une des personnes, avec le directeur technique national Médard Lusadisu, à avoir, il y a quelques années, refusé que les techniciens qui seraient pris en flagrant délit soient sanctionnés, Florent Ibenge, ancien sélectionneur principal des Léopards de la RDC, a, dans un message de réaction partagé sur les réseaux sociaux, indiqué ne l'avoir jamais fait.

I encourage par ailleurs les victimes à porter plainte. «Dans l'affaire révélée hier sur les abus sexuels dans le football congolais, je tiens à dire que je suis très favorable que les choses sortent au grand jour et que les victimes puissent porter plainte afin que les cours et tribunaux puissent agir en conséquence avec des preuves à l'appui"

Pour lui, "profiter de ces faits graves pour me salir en insinuant que j'ai défendu ça, c'est ignoble et tient de la méchanceté gratuite voire du désir de nuire assurément. Tout le monde me connaît et connaît mon engagement dans le domaine de l'enfance et de l'épanouissement de tout un chacun et notamment de nos joueurs. Je me réserve le droit de porter plainte à l'avenir".

Après ces premières réactions, cette affaire pourrait encore faire parler pendant longtemps.

Jonathan Masiala