10 Août 2020

Que retenir de la 4ème audience du procès 100 jours ?

Coronavirus le 05/06/2020 à 19h29

Le Tribunal de Grande instance de Kinshasa/Gombe siégeant en chambre foraine a fait intervenir une série de témoins à la 4ème audience du procès dit de 100 jours impliquant notamment le directeur de cabinet du Chef de l'Etat, Vital Kamerhe.

En sa qualité de l'ancien ministre des Infrastructures, Thomas Luhaka, actuel ministre de l'Enseignement supérieur et universitaire (ESU) relève, dans sa comparution, que "le Premier ministre m'a confié l'intérim de l'Urbanisme et habitat. Je reçois une correspondance du directeur de cabinet du Chef de l'Etat m'instruisant de mettre en place une Commission pour identifier et le viabiliser le site" pouvant abriter les maisons préfabriquées.

"À mon niveau, je me suis arrêté à la création de cette Commission".

Pour Thomas Luhaka, "quand je suis ministre de l'Urbanisme et Habitat, je ne connaissais pas la société Samibo. J'ai entendu l'existence de cette société qu'au cours de ce procès".

Il signale également que "je n'ai jamais participé à une réunion où on décide d'attribuer un marché à telle ou telle entreprise. Le montant et le mécanisme de décaissement étaient décidés à la présidence".

Et donc, "je n'ai rien avoir dans les questions d'argent dans tout ce qui s'est passé", bien que Vital Kamerhe lui rappelle que "quand un gouvernement tombe, on reste dans les dépenses des affaires courantes".


Nicolas Kazadi, nomination verbale

Comparaissant un peu plus tôt dans cette série des témoins, Nicolas Kazadi, ambassadeur itinérant du Chef de l'Etat relève que "jai été membre de la Commission et j'ai reçu l'ordre verbale du directeur de cabinet du Chef de l'Etat me désignant coordonnateur".

Il révèle que "91 membres faisant partie du Comité (de suivi) avec plusieurs organes".

Il affirme avoir "été surpris d'être désigné coordonnateur de ce Comité de suivi" lors de ce procès.


211 maisons construites sur les 300 commandées 

"Nous ne supervisons rien au Camp Tshatshi. Nous ne faisons que le suivi de ce qui s'y passe parce que nous en sommes bénéficiaires", rappelle le Commandant de la Garde Républicaine.

"Sur les 300 maisons (commandées), 211 sont déjà construites. Ces maisons sont habitables", confirme le Général Christian Tshilwelwe.


Concessions à Soraya et à Massaro

"Ce que j'ai pu constater et j'ai appris dans le dossier est qu'il y a le certificat de monsieur Jammal et l'acte de donation (d'une concession) au profit de Madame Soraya", révèle le conservateur des titres immobiliers de Ngaliema.

Qui rappelle qu'il n'a été nommé que "le 2 janvier 2020. Tous ces actes ont été pris de manière antérieure, donc avant mon avènement".

Appelé à comparaître, son prédécesseur, Valentin Kilanga Langa, actuel conservateur des titres immobiliers de Mont-Ngafula dit "connaître monsieur Jammal dans le cadre de mes services parce qu'il est dans l'immobilier".

Et d'assener : "je reconnais avoir signé un certificat au profit de Madame Soraya Mpiana" avant de raconter "une longue histoire. Jammal a acheté beaucoup de concessions sur le site qu'on appelle baie de Ngaliema".

C'est à ce titre qu'"il a sollicité 2 titres dont un au nom de Soraya et l'autre au nom de Massaro. Ces titres ont été établis".

Il dénonce au même moment "des pressions de l'ANR pour finir le dossier. Le ministre Molendo nous a appelé pour faire vite avec le titre de Jammal".

Molendo Sakombi, ministre des Affaires foncières, entendu en tant que renseignant parce qu'ils sont dans le même parti  politique que Vital Kamerhe dit n'être pas intervenu dans le cession de la concession, "pas du tout. Ce n'est pas mon rôle en tant que ministre".

Et surtout que "je m'étais déchargé de tout ce qui avait trait à la baie de Ngaliema. Je ne suis intervenu que pour faire libérer les dossiers après m'être rassuré que les titres de propriétés sont restées les mêmes et dans la forme initiale" que ceux qui ont été signés.


Massaro, l'assureur en quête des clients

Daniel Kingi Shagalume dit Massaro, "cousin" de Vital Kamerhe, entendu à titre de renseignant a demandé via une lettre une "excuse parce que les faits pour lesquels je suis appelé à témoigner ici sont les mêmes que ceux pour lesquels je suis poursuivi au Tribunal de Grande instance de Kinshasa/Matete pour ne pas violer le secret de la défense. Et demande à être assisté par mes avocats" 

Le Tribunal lui fait savoir que "vous n'êtes pas poursuivi devant nous. Et qu'un témoin n'est pas assisté et n'a pas besoin d'avocats. Le Tribunal ne sait pas de quoi vous êtes poursuivi".

Pendant sa déposition, Daniel Kingi Shagalume dit connaître la famille Jammal "lors de sa recherche des clients en tant qu'assureur. Je leur ai dit de venir s'assurer chez moi à la Sonas et en retour, comme vous êtes dans l'immobilier, je vais vous trouver des clients".

Accusé d'avoir notamment bénéficié d'une concession, il estime que "j'ai un acte de vente, j'avais donné à Monsieur Jammal mon argent. J'ai acheté cette parcelle".


Excuses de Massaro à la famille 

"Il y a une confusion autour de ce nom qui vient de moi. C'est moi qui l'ai donné à Jammal. En sortant de son bureau, je lui ai dit de mettre au nom de Soraya la parcelle qu'il allait me donner en cadeau".

Séance tenante, "je présente mes excuses à toute la famille. Soraya n'a jamais été informée. Aucun membre de la famille ne connaît cette histoire".

Il avoue que "la photo qui circule sur les réseaux sociaux n'est pas fausse. C'est une vraie photo. Je n'ai jamais amené monsieur Jammal à la présidence, mais on s'est rencontré à la présidence de la république à la sortie".

Présente également, Soraya Mpiana, annoncée comme bénéficiaire d'une concession sur la baie de Ngaliema dit n'avoir pas été "informée" d'une cession à son nom et ne pas "connaître Monsieur Jammal.

Mais "Je connais Massaro. Je suis surprise. Je l'ai appris sur les réseaux sociaux. Je n'ai rien reçu de la part de Monsieur Jammal".


Des millions dans le compte de Madame Kamerhe 

Épouse de Vital Kamerhe, Amida Chatur dit n'avoir "jamais" rencontré Sammih Jammal.

"Je suis dans le commerce depuis l'âge de 20 ans. Et actuellement, je suis dans l'immobilier, les bijoux et les projets agricoles. Ça dépend des opportunités", justifiant ainsi de l'argent trouvé dans son compte bancaire.

Elle confirme que "j'ai 3 compte à la Rawbank, dont l'épargne, en euros et en dollars".

Amida Chatur explique que "je dépose de l'argent sur mon compte pour faire des achats. Juste après notre mariage, on a invité beaucoup d'amis. On a reçu beaucoup de cadeaux".


Cadeaux de mariage 

Elle révèle avoir constaté que, "quand j'ai ouvert des enveloppes, on a reçu plus de 860 mille dollars, 3 mille euros… et 4 véhicules de cadeaux. Quand j'en ai parlé à mon mari, il m'a dit de gérer. Et j'ai commencé à mettre cet argent progressivement dans mon compte".

Il signale aussi que "rien qu'au courant de cette année, j'ai conclu une vente de plus de 1 million de dollars. Sans compter que J'ai un mari qui travaille, qui a un salaire et des primes". 


Il n'y a pas eu de coordination 

Après la comparution du jeune frère de Vital Kamerhe, Justin Kamerhe, expert à la présidence de la république dans le cadre du programme d'urgence de 100 jours du Chef de l'Etat, Marcellin Bilomba, Conseil spécial du Chef de l'Etat en charge de l'économie et finances témoigne à charge de Vital Kamerhe. 

"Pour les maisons préfabriquées, qui a fait ce programme, qui a budgétisé, qui a choisi les prestataires?", s'interroge-t-il avant d'affirmer que "le directeur de cabinet du Chef de l'Etat nous a convoqués dans un festin (réunion) au cours duquel que nous constatons qu'il y a une projection des maisons préfabriquées. Les experts de la présidence n'ont pas été impliqués. Après ce festin, j'ai tourné le dos".

Dans sa déposition, il fait remarquer qu'"on a fait decaisser 66 millions de dollars américains pour Samibo alors qu'on a parlé de 57 millions. J'appellerai cela détournement intellectuel".

Alors que Vital Kamerhe insiste sur le fait qu'il n'agissait qu'au nom du président de la République, Marcellin Bilomba note qu'"on utilise abusivement le nom du Chef de l'Etat. C'est désacraliser sa fonction".

D'ailleurs, "il n'y a jamais eu une coordination. C'était une coordination de façade. Le directeur n'a pas imprimé la transparence".


Bouffer du Kamerhe

"Les gens confondent l'époque où ils étaient amis avec Félix Tshisekedi parlant la même langue à celle où il est devenu président de la République. Il y a trop d'électrons libres" à la présidence de la République, réplique Vital Kamerhe.

Qui lance : "si quelque part, il s'est tenu une réunion au cours de laquelle il a été décidé de bouffer Kamerhe, qu'on prenne ce raccourci-là. Qu'on arrête de perdre le temps. Mais sachez que ma vie, c'est Dieu qui l'a donnée".

Le député provincial Péter Kazadi, membre de la Commission mise en place pour le suivi du programme d'urgence de 100 jours du Chef de l'Etat révèle que "nous dépendions tous du directeur de cabinet. Nous n'avons pas du tout participé à la conception de ce projet".

Aphi Badaga, conseiller à la présidence de la République et membre du Comité de suivi rappelle que "plus de 90% de projets dans le cadre du programme d'urgence de 100 jours du Chef de l'Etat étaient déjà entamés" avant l'accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême. 

À la barre, le comptable public de la présidence de la République "reconnaît" avoir reçu de la Banque centrale de l'argent (plus d'1 miliion de dollars américains) avant de le "remettre à John Ntumba qui va le donner à Jeannot Muhima (responsable de l'import et export) sur instruction du directeur de cabinet du Chef de l'Etat" pour le dédouanement des contenaires.

Après plus de 13 heures d'audience, le Tribunal a décidé de renvoyer "la cause à jeudi 11 juin pour plaidoirie. Nous allons tenir la chambre du conseil. C'est une audience à huis-clos".

Par Barick Bwematelwa
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