« Près de 300 civils massacrés à Kishishe à Rutshuru au Nord-Kivu par le M23 » (Officiel)
''Kishishe où sont commis des massacres est une des localités situées à l'Ouest du Parc des Virunga dans la chefferie de Bwito. Les dernières nouvelles que nous venons d'avoir tout à l'heure font état d'un bilan de plus de 272 civils qui ont été tués", révèle Julien Paluku, ministre de l'Industrie, lors d'un échange avec la presse initié par le ministre de la Communication et Médias.
L'ancien gouverneur du Nord-Kivu, durant une dizaine d'années, se demande s'"il n'y a pas une planification du genocide qui est faite. Donc, on est autour de 300 morts, des gens qui sont connus, régulièrement habitants de Kishishe qui n'ont rien à voir avec FDLR ni avec les Maï-Maï. Et les chiffres ont été communiqués par la Société civile et le barza intercommunautaire. Ce ne sont pas des chiffres que nous sortons comme ça de l'imaginaire".
Enfants tués dans des églises
"Il y a des enfants qui ont également été tués dans l'église, dans un hôpital, sont-ils des FDLR aussi ?", s'interroge Julien Paluku.
Pour expliquer comment le gouvernement a réalisé ce bilan du massacre commis dans une zone sous contrôle du M23, il relève que ''le Nord-Kivu est organisé en différentes corporations. Il y a la Société civile, mais il y a aussi le barza intercommunautaire, qui regroupe toutes les communautés et chaque communauté a pu recenser à travers les antennes qui sont à Kishishe et environs le nombre de morts par communauté dans ce massacre. Il y a d'ailleurs une communauté qui a enregistré 150 décès".
Il souhaite en même temps que, pour cette enquête internationale sollicitée par Kinshasa et demandée par plusieurs organisations locales et internationales, que ''la Cour pénale internationale procède aux arrestations des gens sur des crimes commis dans l'Est de la RDC, particulièrement au Nord-Kivu. Si Bosco Ntaganda est à la Haye, ce n'est pas pour des faits commis au Nord-Kivu, mais plutôt pour des faits commis en Ituri en 2002".
Il fait observer que jusqu'à présent ''personne n'a déjà été arrêté et incarcéré à la Haye pour des crimes commis au Nord-Kivu et ça, c'est aussi la demande expresse du gouvernement".
Discours fallacieux de Kagame, génocide congolais
''Que ce soit le CNDP ou le M23, ils ont toujours ciblé de manière particulière les communautés qui vivent dans le territoire de Rutshuru pour créer la peur, pour créer l'errance. La preuve est que tous le camps des déplacés que nous avons au Nord-Kivu sont des camps peuplés essentiellement par une ou deux communautés", explique Julien Paluku.
Qui n'hésite pas invoquer le terme génocide après toute cette succession des agressions Rwandaises sous différentes facettes : ''c'est pourquoi nous avons à un moment donné communiqué sur la planification de génocide sur les populations congolaises".
Au sujet du narratif construit par le Rwanda pour justifier cette agression, ce notable du Nord-Kivu estime que ''le discours de Kigali et particulièrement Kagame, c'est de dire qu'il s'agit des FDLR qu'ils sont en train de tuer alors qu'à Kishishe, la majorité des gens qui ont été massacrés étaient dans une église adventiste. Je ne sais pas si les gens qui se trouvent dans une église constituent des groupes armés".
Pour lui, cette méthode ne suscite aucun doute sur les ambitions génocidaires de ces mouvements fantoches.
''Cette stratégie d'élimination sélective d'une communauté n'est pas loin de ce qui s'était passé au Rwanda lorsqu'une partie de la communauté avait été massacrée. C'est pourquoi nous n'avons pas peur d'affirmer au stade actuel que c'est effectivement l'application d'un plan de génocide sur le sol congolais".
FDLR, un subterfuge
''Le FDLR est un ingrédient qu'utilise le régime Rwandais pour survivre au niveau international. La preuve est que, si vous voulez connaître l'âge de FDLR, il faut vous interrogez sur l'âge du président Kagame", relève Julien Paluku
Qui rappelle qu'''en 1990, il y avait deux armées en face, notamment le FPR dans lequel était le président Kagame et il y avait les interahamwe qui faisait partie de l'armée de Juvénal Habyarimana. L'âge moyen de ces gens oscille aujourd'hui entre 60 et 80 ans".
Et de souligner : "continuer à mentir à l'opinion que la RDC alimente le FDLR, c'est tout simplement utiliser un argument consommable au niveau international pour se faire une santé. Sinon, il n'y a aucunement une politique de la RDC qui peut utiliser des vieillards de 60, 70, 80 ans pour aller attaquer le Rwanda".
Pour Julien Paluku, "comme c'est une partie des génocidaires restés au Congo et qui errent dans les forêts en vivant de la chasse et de la cueillette, qui ne peuvent constituer aucunement une menace. Mais la stratégie, c'est de continuer à tirer sur cette fibre là pour survivre au niveau international alors qu'il (Kagame) sait lui-même pertinemment bien qu'il y en a plus".
Il relève que ''du temps où j'étais gouverneur, nous avons rapatrié des centaines de milliers de combattants et de réfugiés Rwandais chez eux et les statistiques montrent qu'il ne reste plus que 500 éléments, combattant Rwandais en RDC".
Recyclage des FDLR par Kigali
''Il (Kagame) sait utiliser toujours des arguments et il cherche à attirer la sympathie de la Communauté internationale en surfant sur le génocide qui a eu lieu effectivement au Rwanda, alors que le FDLR que nous avons renvoyé au Rwanda, la stratégie de Kigali c'est de les réinjecter encore une fois au Congo par un phénomène que j'ai appelé le recyclage", révèle Julien Paluku.
''C'est-à-dire qu'une fois qu'on les a renvoyés après un enregistrement biométrique, Kagame veut les retourner encore en RDC parce que si le subterfuge des FDLR ne tient plus, lui aussi ne survivra plus au niveau international".
Il fait savoir que ''la MONUSCO et toutes les Nations-Unies à travers le HCR savent qu'on a fait un enregistrement biométrique des combattants Rwandais renvoyés à Kigali, mais on a encore retrouvé ces combattants congolais sur le sol congolais parce qu'ils avaient été enregistrés de manière biométrique".
Il est impossible d'avoir un génocide en RDC
''C'est une stratégie qui a été montée pour aveugler la communauté internationale. Heureusement que la gouvernance actuelle est en train de découdre et de déconstruire tous ces mensonges qu'on a filtré au niveau international", note Julien Paluku.
Qui explique qu'''au Congo, il est clairement indiqué qu'il ne peut y avoir nullement du génocide. Et le discours que tient le président Rwandais en affirmant qu'il est le propriétaire d'une communauté, c'est un discours qui vise à semer la haine pour exposer cette communauté là partout où elle est alors qu'elle se considère elle-même comme ayant la nationalité du pays d'accueil".
Pour l'ancien gouverneur du Nord-Kivu, au niveau international, ''c'est lui qui développe un discours de haine, c'est le président Rwandais qui veut semer la haine dans les communautés qui vivent paisiblement en RDC et partout ailleurs".
Alors qu'il s'est développé au sein de la communauté internationale une plus grande attention sur les ménaces de génocide en RDC et des supposés messages de haine, Julien Paluku tranche : "on ne peut pas dire qu'il y a un risque de génocide là où coexistent 450 ethnies. Il faut démonter tous ces mensonges à travers des communications au niveau international pour que les gens comprennent qu'on doit mettre fin à l'aveuglement de la communauté internationale par des arguments qui ne tiennent plus debout".
Julien Paluku souligne notamment le fait que ''s'il faut faire la comparaison entre la gouvernance du Rwanda et celle de la RDC, c'est le jour et la nuit. Là-bas, personne ne peut parler. Doncw on n'a pas de leçons à donner à la RDC par rapport à la gouvernance démocratique, aux questions de paix et de sécurité".
Dieumerci Lusakumunu