"Les performances fiscales sont réalisées par le pays, pas le gouvernement" (Muzito)
"Je n'attribue pas encore au gouvernement (les 1,7 milliard de dollars de recettes fiscales réalisées en avril 2022), parce que j'attends que le gouvernement me dise quels sont ses efforts en termes d'impulsion politique. Je ne sais pas encore quel est l'effort du gouvernement à proprement parler", affirme, la main sur le coeur, l'opposant, coordonnateur de Lamuka et député national, Adolphe Muzito, qui s'était pourtant fendu récemment d'un tweet plutôt "flatteur" dans lequel, il louait justement "une performance historique du pays du point de vue de ses recettes propres".
Le bonus inattendu
Invité du magazine ÉDITION SPÉCIALE sur TOP CONGO FM, l'ancien Premier ministre s'en va révéler que ce record va au-delà des chiffres présentés il y a quelques jours.
"Ce n'est plus 1,7 milliard de dollars, (mais) plus ou moins 2 milliards de dollars. Il y a une partie des recettes (410 millions de dollars) qui venait de rentrer dans l'escarcelle de la Direction générale des impôts (DGI) venant d'un contribuable qui, en fait, a déclaré et payé au mois d'avril mais malheureusement, la procédure au niveau de la Banque centrale a été d'autant plus long que l'imputation devra se faire au mois de mai", explique-t-il.
Au demeurant, l'opposant, qui fut également ministre du Budget sous Joseph Kabila, se veut égal à lui-même : "je salue, je félicite le record réalisé par le pays. Bien sûr que ça se fait dans le contexte d'un gouvernement et d'un pouvoir précis, mais ce sont des performances du pays", insiste-t-il.
Et pour cause, "on ne sait pas, ça peut être l'impulsion politique, ça peut aussi être l'administration (fiscale) elle-même", pointe celui dont le métier est l'inspecteur des finances.
"Et d'ailleurs", se justifie-t-il, "le ministre des Finances et celui du Budget, qui ont relevé ce record, n'ont pas donné une ventilation en termes quantitatifs pour dire quelle est la part de l'effort de l'administration, la part de l'effort du leadership politique, la part de la réalité liée à la conjoncture économique internationale qui fait que, puisque nous sommes un pays importateur du cuivre, du cobalt, et que les 2 produits ont connu une hausse de leur courbe sur le marché international, que le pays réalise beaucoup de recettes d'exportation".
Adolphe Muzito note que "cela se dégage comme étant une partie de l'assiette fiscale sur laquelle l'administration fiscale a opéré des prélèvements".
Faits exogènes
Il n'hésite pas, par conséquent, d'attribuer les fameuses performances "principalement à des faits exogènes".
En sus, rappelle-t-il, "notre système fiscal et douanier est déclaratif. Cela signifie que tout ce que nous réalisons comme recettes, au niveau de différentes administrations relève de la volonté du contribuable. C'est lui qui dit ce qu'il doit. J'insiste sur le fait que jusqu'ici, nous n'avons que ce que les opérateurs, les miniers ont choisi de payer".
Certes, un contribuable peut être attrapé en fraude s'il fait une fausse déclaration, "mais encore faut-il que l'administration concernée engage des redressements fiscaux ou douaniers pour établir les contentieux", précise l'ancien inspecteur des finances.
"Nécessairement, il y aura un redressement, des contrôles au premier ou second degré pour voir ce que l'État estime comme étant dû à l'administration", prévoit l'ancien Premier ministre qui en remet une couche : "donc, à ce jour, nous ne pouvons pas encore mesurer l'effort de l'administration fiscale à proprement dite".
Pour lui, "on peut imputer (ce résultat) à l'Inspection générale des finances (IGF) qui, avec ses contrôles, essaie probablement de pousser les opérateurs à approcher, plus ou moins, un certain niveau de déclarations qui correspondent à la vérité", consent-il.
"De manière marginale, il y a aussi ce logiciel installé (Isis-régis) qui permet de retracer, de la constatation jusqu'au paiement".
Éric Lukoki
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