''Mais si 30 jours s'avèrent insuffisants pour enrôler le maximum des Congolais, nous n'empêcherons pas ceux qui ne se seraient peut-être pas encore enrôlés de le faire. Nous ferons tout pour que tout le monde puisse s'enrôler. Les 30 jours, ce n'est pas une date religieuse, figée, ça peut bouger", affirme, invité du Magazine Le Débat sur TOP CONGO FM, Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) quelques heures avant le début de l'opération de l'identification et enrôlement des électeurs.

''Nous avons fait un test grandeur nature, nous avons une idée sur le nombre de personnes qui doivent être enregistrées par jour pour atteindre le chiffre idéal de 50 millions d'électeurs. Si nous avons 65 personnes par machine en un jour, nous allons tout finir en 30 jours. C'est pourquoi nous voulons que les gens n'attendent pas les derniers instants pour aller s'enrôler", exhorte-t-il, alors qu'une frange de l'opinion reste sceptique sur le respect de ce délai de 30 jours, puisque dans le passé, une zone opérationnelle prenait près de 3 mois pour l'enrôlement des électeurs.

À la question de savoir ce qui justifie ce délai si bref pour l'enrôlement des électeurs, Denis Kadima explique qu'''il y a deux raisons. La première, c'est parce que le délai est très réduit. On n'a pas beaucoup de temps, mais aussi parce que l'argent n'est pas assez suffisamment disponible. Donc, si nous continuons sur une longue durée, ça va perturber nos plans budgétaires".

Il rappelle d'ailleurs que ''l'enrôlement se passera, dans le contexte de la guerre de l'Ukraine à l'échelle mondial. La Chine a ralenti sa production. On avait prévu d'acheminer les kits par voie maritime jusqu'à Kinshasa pour les dispatcher, mais à présent on ne peut plus le faire. Tous les matériels électoraux arrivent par des avions affrétés. Donc, le coût est très élevé".

C'est pourquoi, pour contenir cette contrainte, ''nous avons décidé de réaliser les opérations d'enrôlement en 30 jours, mais avec une certaine flexibilité pour réussir à rattraper les éventuels retards de 2 ou 3 jours. Laissez à la CENI tout ce qui concerne ce délai de 30 jours", tranche-t-il.

Les innovations pour l'enrôlement 

''Il y a plusieurs innovations" pour l'enrôlement et l'identification des électeurs, relève Denis Kadima.

Il s'agit notamment ''de l'amélioration des machines de prélèvement des empreintes digitales. L'équipement que nous allons utiliser cette fois-ci est beaucoup plus sensible que celui de l'autre fois. Nous devrons aussi recueillir l'empreinte de l'Iris" partie colorée de l'œil.

''Contrairement au cycle précédent, il faut nécessairement capturer la photo de l'individu en présence. Nous allons utiliser l'énergie solaire. Ceux de Kinshasa ne le verront peut-être pas, mais les 9 autres provinces de la première aire opérationnelle vont le constater". 

Il y aussi, ''le préenregistrement. Vous pouvez enregistrer préalablement toutes vos données, vous inscrire provisoirement à partir de votre domicile. Dès que vous arrivez au niveau du centre d'inscription, nous gagnons du temps. On ne va plus enregistrer encore ces données dans une machine parce que toutes ces informations sont stockées dans le Code QR qu'on va donner".

Quid de l'encadrement légal des innovations ?

''Les gens pensent souvent que quand la loi ne dit rien sur un sujet, ce que c'est interdit par la loi, alors que ce n'est pas du tout ça. Quand la loi ne dit rien, ça veut dire qu'on peut le faire, à condition que ça ne soit pas une infraction. Dans ce cas, le préenregistrement est juste une méthode pour faciliter la tâche à la population", explique Denis Kadima.

"Quand vous vous préenregistrez, vous n'allez pas perdre beaucoup de temps au niveau du centre, mais si vous ne le faites pas, vous allez passer un peu plus de temps au centre d'inscription. Quand vous avez beaucoup d'autres choses à faire, vous pouvez vous préenregistrer afin de ne pas perdre beaucoup de temps pendant la saisie des données".

Et de s'interroger : "le prélèvement de l'empreinte de l'Iris est-il est une bonne ou une mauvaise innovation ? Lors du cycle précédent, on avait beaucoup critiqué les listes des électeurs, dont certains noms n'avaient pas d'empreintes digitales, certains n'en avaient pas du tout. C'est justement pour résoudre ce problème que nous avons apporté l'innovation de l'Iris. Nous voulons justement améliorer ce qui n'a pas été bien fait lors du précédent processus".

Le président de la CENI rassure que ''nous avons consulter toutes les parties prenantes. Nous avons eu des cadres de concertation avec les différentes parties prenantes et même les parties politiques. La CENI est responsable de la gestion du processus électoral. Quand nous invitons les parties prenantes pour présenter nos innovations, est qu'elles s'y opposent vivement ?".

Il révèle d'ailleurs que, lors des cadres de concertation, ''personne ne s'est opposé à ces innovations. (Mais de toutes les façons), on n'est pas là pour chercher un consensus sur tous les aspects de la gestion du processus électoral, sinon, jamais nous n'organiserons les élections".

Comment s'enrôler en dehors du pays ?

''Pour s'inscrire comme électeur, il faut être Congolais, présenter un passeport Congolais valide ou une carte consulaire, mais également le document de résidence, le permis de résidence, permis d'études pour les étudiants, permis de travail pour ceux qui travaillent,'' explique-t-il au sujet de la procédure d'enrôlement des compatriotes résidents dans les 5 pays sélectionnés, notamment la France, les États-Unis, la Belgique, l'Afrique du Sud et le Canada.

''Nous ne pouvons faire les opérations de vote que dans les représentations diplomatiques, conformément à la loi", précise-t-il.

Avant d'expliquer que les critères qui justifient le choix de ces 5 pays, notamment sont notamment "la stabilité. Un pays stable avec un état civil stable pour se rassurer que si un document vient de là, c'est vrai. On a refusé les pays voisins parce que les frontières ne sont pas bien contrôlées. On a refusé que ça tourne à l'infiltration. Donc on a commencé d'abord une phase pilote qui va nous donner des leçons pour qu'au prochain cycle, la prochaine équipe puisse mieux faire".

Mais aussi '''il y a une grande concentration des Congolais dans ces pays choisis".

Prêt pour le début de l'enrôlement 

En ce moment, ''nous avons des équipes dans toute l'étendue de la première aire opérationnelle. Les matériels se déploient, les formations se poursuivent, donc la mise en place se fait en ce moment. Je peux dire que dans 48h effectivement, nous allons accueillir la population pour le début des opérations d'enrôlement,'' rassure Denis Kadima.

''Nous serons déjà prêts le samedi. Ce ne sera pas parfait vu que c'est une œuvre humaine, mais au regard également de nos problèmes d'infrastructures. Mais nous avons commencé ce processus il y a longtemps,'' rappelle-t-il.

Il relève cependant que ''si je vous dis que demain, tout sera assis dans les 22 271 centres d'inscription, ce ne sera pas vrai parce que nous avons commencé ce processus un peu en retard, mais on abat un travail énorme. Je suis satisfait des rapports que je reçois sur le terrain. Nos équipes sont déjà sur place. Mais ce que nous n'avions pas annoncé, c'est qu'il n'y aura pas l'opération d'identification et enrôlement des électeurs à Kwamouth (Maï-Ndombe). Ils le feront au même moment que la troisième aire opérationnelle", fait savoir le président de la CENI.

Il rassure en outre que "tous les kits sont déjà arrivés au niveau des provinces. On a utilisé tous les moyens de transport. Maintenant là, nous procéderons au dispatching dans les différents sites.Tout ne sera pas parfait, mais tout se passera bien. L'objectif, c'est de finir cette opération en 1 mois. Mais si par exemple, certains centres auraient démarré en retard de suite de l'arrivée tardive des matériels, ils peuvent récupérer les jours perdus au cas où il y aurait encore des files d'attente".

Dieumerci Lusakumunu