Le sénateur Matata Ponyo sauvé par ses pairs
Le sénateur Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre, accusé d'être à la base de la débâcle du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, ne sera pas livré à la justice, comme l'aurait souhaité le Procureur général près la cour constitutionnelle.
Ainsi, en ont décidé 49 des 96 sénateurs présents à la plénière de ce mardi 15 juin consacrée à la présentation du rapport de la commission spéciale chargée d'auditionner les 2 sénateurs concernés par ce dossier.
L'Inspection générale des finances (IGF) a, au terme d'une enquête, reconnu l'ancien Premier ministre comme "auteur intellectuel de la débâcle" de ce méga projet censé résoudre la dépendance de la RDC aux importations des produits alimentaires.
D'après l'IGF, Matata Ponyo a été à la manœuvre dans la conception, la planification et l'engagement pour le paiement de plus de 83% des fonds décaissés directement au profit des comptes d'Africom, partenaire sud-africain dans l'implémentation du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, lesquels ont, finalement, fait perdre plus de 200 millions de dollars à l'État Congolais.
Le sénateur du Maniema a toujours rejeté sa responsabilité dans la débâcle de ce projet pilote à l’arrêt des paiements par le Tresor Public, intervenu en décembre 2016 après son départ de la primature.
Ce qui a donc contraint, a-t-il toujours soutenu, le partenaire sud-africain AFRICOM à se désengager de ce méga projet qui depuis, n'est plus que l'ombre de lui-même.
Il aurait eu fort à gagner à se justifier devant la justice mais le Sénat, qui en a jugé autrement, enlève à l'ancien premier ministre la possibilité de lever un doute sur une gestion qu'il définit lui-même comme exemplaire.
De nombreux observateurs relèvent quand même que la débâcle de Bukanga est antérieure à 2016 et que la réussite d'un tel projet, gros investissement du gouvernement Matata, a été entachée, selon l'IGF, par de nombreuses irrégularités.
Éric Lukoki