La GÉCAMINES ne paiera pas sa créance à Fleurette Mumi pour cause de sanctions américaines
Économie
le 24/12/2019 à 16h48

La GÉCAMINES a les « moyens et devrait payer sa dette absolument. Nous sommes une société qui tient à respecter ses engagements légaux », justifie-t-il.
« Pour nous, c’est un cas de force majeure. Nous continuons à le soutenir », explique le secrétaire général de la GÉCAMINES qui s'est fait accompagner, pour la circonstance, de son avocat conseil, Maître Roger Massamba.
Pourquoi être passé par Fleurette, sous sanctions américaines, au lieu d’une banque pour ce prêt ?
Un « tel montant [200 millions d’euros], il n’y a aucune banque qui peux vous le donner ici [en RDC et] si vous allez à l’international, il y a de telles conditionnalités que vous n’auriez même pas un million de dollars », avance l’avocat conseil.
« C’est pourquoi, nous devons améliorer le climat des affaires pour que nous puissions aussi avoir accès à des véritables banquiers », propose-t-il.
Emprunt chez Fleurette, paiement chez…Ventora ?
« Ça ne poserait pas de problème pour nous », répond, sans s’étendre d'avantage, le secrétaire général de la GÉCAMINES qui renvoie par conséquent, les journalistes au communiqué de presse de Ventora « où tout a été expliqué », d’après lui.
Complot contre les dirigeants de la GÉCAMINES…plutôt de l'acharnement !
À la question d’un confrère : « pourquoi la GÉCAMINES crie à un complot » à propos de cette affaire de remboursement d’un prêt « imaginaire », selon certaines ONGs dont l'ACAJ, le secrétaire général NgeleMasudi rétorque qu’il ne sait s’il y a « un complot ou quoi ».
Seulement, « moi je réside à Lubumbashi », reconnait-il, « j’ai été empêché de voyager. Les raisons n’ont jamais été explicitées. Même chose pour le DG », regrette-t-il.
Il enchaine, « on nous a même dit que nous étions [avec le DG] en partance pour l’étranger alors que nous [avec le Directeur général, à l’aéroport international de N'Djili] étions au salon RVA [Régie des voies aériennes] départs nationaux, billets CAA », précise-il.
« C’est depuis 10 jours [que nous sommes bloqués]. J'ai un ordre de mission. Je devais rentrer à Lubumbashi…si ce n’est pas un acharnement, je ne sais pas quel terme il faut utiliser », lâche Ngele Masudi.
Depuis quelques semaines, 3 hauts responsables de la GÉCAMINES (le Président du conseil d’administration, le Directeur général intérimaire et le secrétaire général) sont l’objet d’ « une enquête pénale » du Parquet général près la Cour de cassation pour « blanchiment des capitaux et usage de faux », selon le président de l'Association pour l’accès à la justice (ACAJ).
L’affaire concerne le remboursement d’un prêt d’une centaine de millions d’euros accordés à la GÉCAMINES en 2017, par la société Fleurette Mumi Holdings Limited.
Seulement, à en croire l'ACAJ, ladite créance « n’est jamais apparue dans les états financiers de la GÉCAMINES pour l’exercice 2017-2018 ».
Contre-attaque générale !
Ce que réfute, bien évidemment la direction du géant congolais des mines qui admet, du reste, l’existence de cette dette.
« La quasi-totalité [des 200 millions d’euros] a été versée au Trésor public au titre de paiement d’avances sur fiscalité. En témoigne, la lettre du ministre des finances portant titrisation de cette somme », explique dans un communiqué, le directeur général de la Générale des Carrières et de Mines, qui indique que ce qui n’a pas été utilisé à ces fins a été « conservé au compte de la société pour le Fonds de roulement de l’entreprise en vue de la production et du fonctionnement ».
Ventora, autrefois Fleurette Mumi, s’est-elle aussi fendue d’un communiqué, lundi 23 décembre, pour réclamer à la GÉCAMINES le respect de ses engagements.
« Une dette librement contractée doit être simplement remboursée » écrit l’entreprise de l’israélien Dan Gertler, tout en se plaignant au passage « des injonctions du pouvoir exécutif pour influer sur une affaire en cours ».
Ce qui peut remettre « en cause le principe de l’indépendance de la justice », peut-on lire dans ce communiqué.