Alors que le président Tshisekedi a déjà visité 22 pays, fort est de constater qu’il n’a toujours pas nommé d’ambassadeurs à l’étranger.

Inscrivant la diplomatie comme « une de ses priorités », Félix Tshisekedi annonçait aux ambassadeurs accrédités en RDC, le 15 février dernier, plusieurs orientations clés de sa présidence dont « les relations avec les pays frontaliers avec une politique étrangère axée sur le bon voisinage et un dialogue constructif ».

Comment développer des rapports sans ambassadeurs?

Tout cela ne serait-il que pure annonce, s’interrogent de nombreux observateurs qui constatent que la RDC n’a pas d’ambassadeurs chez la majorité de ses voisins.

En Angola, l’ambassadeur Kazadi est devenu sénateur, au Rwanda, Maître Nkulu Kinlombo est aujourd’hui membre du conseil constitutionnel, le dernier ambassadeur au Burundi n’est plus en poste depuis de nombreuses années et l’ambassadeur en Ouganda a été entre-temps nommé en Chine.

Depuis Jean-Charles Okoto Lola Kombe siège au parlement.

La RDC n’a pas d’ambassadeur au Soudan.

Des chargés d’affaires permanents

La RDC se distingue par la présence à la tête de nombreuses de ses missions, de chargés d'affaires sans réels mandats, ce qui nuit à sa représentation auprès de 2 des 5 membres permanents du conseil de sécurité des nations unies.

En France, l’ambassadeur Christian Ileka est aujourd’hui le secrétaire général au ministère des affaires étrangères.

La Chine attend la nomination d’un nouvel ambassadeur.

Membre non permanent du conseil de sécurité de l'ONU, « le partenaire privilégié belge » est sans ambassadeur depuis les déconvenues de l’ancien titulaire avec le régime Kabila.

L’ambassadeur Dominique Kilufya, qui n’avait jamais été formellement rappelé à Kinshasa, vient d’être nommé directeur de cabinet de la nouvelle ministre des affaires étrangères, « ce qui vaut rappel au pays », précisent les puristes.

De l’obligation d’un nouveau président

Même si, au nom de la continuité de l’état, les ambassadeurs restent en poste jusqu’à leur rappel par la « centrale », l’arrivée d’un nouveau président amène son lot de changements de ses envoyés auprès des états étrangers.

« Le nouveau chef de l’état peut soit confirmer ceux qui sont en poste, soit les remplacer..., mais il ne laisse pas aussi longtemps planer l’incertitude », au niveau administratif, sur le point de vue sécuritaire, notamment avec les pays voisins et dans les grands postes diplomatiques que sont notamment Paris et Bruxelles, siège des institutions européennes, rappellent les us en la matière.

Les pays sans ambassadeurs

En Afrique, en plus de l’Angola, les « géants » Nigeria et Kenya n’ont aucun ambassadeur.

Tout comme le Ghana, la Guinée (Conakry), le Bénin, le Sénégal, le Soudan, le Togo, le Liberia, la Mauritanie, la Tunisie et le Cameroun.

Alexis Thambwe Mwamba, alors ministre des affaires étrangères, qui avait évoqué une réduction du nombre des ambassades congolaises, n’avait pas jugé bon de supprimer ces dernières.

Dans l’Union européenne, la RDC n’a pas d’ambassadeur en Grèce, au Pays-Bas, en Suède et en Pologne, ni à l'Union européenne avec qui le président Tshisekedi voudrait avoir des relations particulières.

Le président de la république doit aussi nommer son représentant en Suisse, en Bulgarie, en Roumanie, en Tchéquie, en Argentine, en Israël et en Arabie Saoudite.

La RDC n’a pas d’ambassadeur au Canada, deuxième pays d’exil des congolais en Occident après la Belgique.

Félix Tshisekedi, chef de la diplomatie 

Alors que la titulaire des affaires étrangères est connue, le constat est à la très forte discrétion de Madame Marie Tumba Nzeza (photo).

La ministre d’état, qui prend part à tous les voyages du chef de l’état « est dans l’ombre de son président », remarquent de nombreux diplomates accrédités à Kinshasa.

« Le véritable ministre des affaires étrangères, c’est le président », disaient hier ces mêmes diplomates, « en absence de réels titulaires, ministre et vice ministre hérités de l’ère Kabila ».

Si Félix Tshisekedi restera encore longtemps le véritable VRP de la république, il n’en restera pas le seul, des nouvelles nominations sont attendues.

« Ce sont juste des décisions à prendre qui ne devraient pas poser problème avec le nouveau gouvernement qui vient de se mettre en place », a dit à TOP CONGO FM, une source à la présidence de la république.