L'opposition boycotte l'investiture du gouvernement Ilunga Ilunkamba ce vendredi
Les groupes parlementaires de l'opposition AMK et Alliés, MLC-ADN et MS-G7 portent à la connaissance de l'opinion nationale et internationale que les députés nationaux de l'opposition ne participeront pas à la séance d'investiture du gouvernement du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. "Cette décision, grave, ne procède ni du caprice ni de la paresse, encore moins de l'irresponsabilité ou d'une quelconque lâcheté", indique le porte-parole de ces regroupements, le député Denis Kashoba, Président du Groupe parlementaire AMK et Alliés.
Elle trouve son fondement, poursuit-il, d'une part "dans la violation délibérée du règlement intérieur de l'Assemblée nationale par son bureau et, d'autre part, dans la détermination maintes fois réitérée de l'opposition parlementaire de ne faire aucune concession sur le respect des textes qui régissent la République et dont l'application rigoureuse constitue la sécurité pour tous".
Non au rôle de figurant
Au cours de la séance plénière de mardi dernier consacrée à l'examen du programme du gouvernement et à son investiture, rappelle cet élu, l'opposition avait protesté par motion de procédure contre le temps de parole dérisoire, de 16' à 5', fixé "par le Bureau de l'Assemblée nationale à chaque groupe parlementaire au lieu de 30 minutes au moins, pondérées au prorata du poids numérique d'un chacun, prescrites dans l'article 167 de son règlement intérieur".
Dénonçant le fait d'avoir été muselée, l'opposition refuse de servir "alibi à la majorité et de jouer le figurant. C'est pourquoi elle a décidé de ne pas participer à la séance de mardi dernier et à celle de ce vendredi qui en est le prolongement".
L'opposition a également fait remarquer que le discours programme, lu par le Premier ministre, ne correspondait pas au document du programme gouvernemental distribué aux députés 48 heures avant la séance en application de l'article 70 du même règlement intérieur, indique le député.
L'opposition a exigé, souligne-t-il, le strict respect du règlement intérieur et la correction de toutes ces irrégularités avant de poursuivre les travaux.
En dépit de la flagrance des violations des dispositions réglementaires susévoquées, constatent ces regroupements de l'opposition parlementaire, le Bureau de l'Assemblée nationale et la majorité au pouvoir ont imposé la poursuite des travaux sans les corriger.
À ce sujet, ils soulignent que l'examen du programme du gouvernement et son investiture constituent un acte politique car "il s'agit de conclure, avec le gouvernement, un contrat de confiance au nom du peuple congolais dont il va gérer le destin pendant toute une législature et de lui donner le feu vert pour l'appliquer".
À qui profite le musellement de l'opposition ?
L'opposition reste perplexe "sur les raisons qui ont poussé le Bureau de l'Assemblée nationale à restreindre le droit constitutionnel du député de s'exprimer et à bâcler un débat aussi vital pour l'avenir du pays".
Cette attitude du Bureau de la chambre basse du Parlement ainsi que de la majorité "est de nature à créditer l'accusation portée à tort contre les députés nationaux qu'ils ne s'intéresseraient qu'à leurs émoluments au lieu de servir le peuple".
Estimant être l'un de deux piliers de la démocratie et de la vie parlementaire, l'opposition insiste sur son rôle de contrepoids du pouvoir dont elle contrôle l'action en amont comme en aval, dénonçant également son musellement.
Ces regroupements rassurent le peuple qu'il ne s'agit pas, "pour ses députés nationaux, de sécher les séances de l'Assemblée nationale ni de se dérober de leurs obligations constitutionnelles de participer à ces travaux, plutôt déterminés à exercer pleinement leur mandat parlementaire mais aussi à assumer totalement leur statut d'opposant qui leur impose l'obligation de veiller aux intérêts du peuple, au respect de la légalité du peuple ainsi que des normes démocratiques".
Qui promettent d'adopter, chaque fois, l'attitude qui convient aux defis et enjeux du moment. Ils estiment que la crédibilité du Bureau de l'Assemblée nationale et de la majorité au pouvoir dépendra de leur respect des textes en vigueur.
Le Bureau de l'Assemblée nationale avait convoqué les députés pour poursuivre l'audition du programme du gouvernement Ilunga Ilunkamba et son investiture ce vendredi à partir de 13h30'.
Alain Tshibanda