15 Juin 2021

« Il faut au minimum 200 millions de dollars pour relancer la MIBA » (Danny Mukendi)

Économie le 14/06/2021 à 22h59

"La Minière de Bakwanga (MIBA) a besoin d'un minimum, je dis bien un minimum de 200 millions de dollars pour sa relance avec des préalables qui doivent obligatoirement être respectés pour crédibiliser son fonctionnement", assure Danny Mukendi, économiste et expert gemmologue à Anvers (Centre international de diamants, situé en Belgique), invité du magazine FACE-À-FACE sur TOP CONGO FM.

Il faut pour cela, à l'en croire, remplir ces 3 préalables majeurs dont "sécuriser le polygone minier (mine exclusive qui a fait de la MIBA, le leader mondial du diamant) où, malheureusement, le peuple du Kasaï Oriental qui vit dans la misère, y entre, à ce jour, comme il veut quand il veut, poussé par l'instinct de survie".

Il préconise donc à "reclôturer le polygone comme à l'époque, recréer une brigade minière pour empêcher les creuseurs de s'y diriger. C'est le préalable pour l'investisseur qui a besoin de voir son profit garanti", explique-t-il. 

"Désintéresser les créanciers. La dette de la MIBA doit être délocalisée à la DGDP (Direction générale de la dette publique), la Banque centrale ou une autre institution. La MIBA est surendettée si bien qu'à chaque fois qu'elle produirait des diamants, ceux-ci seront saisis avant même d'être vendus", fait observer l'économiste.

Danny Mukendi tranche : "ce sont là les 3 conditions qui permettent à l'Etat, actionnaire majoritaire d'attirer les investisseurs".


La certification des réserves

"Avant de parler production, il faut indispensablement parler énergie. Il faut mettre les barrages Lubilanji 1 et 2 en capacité de fournir du courant nécessaire à la production de la MIBA".

Enfin, il propose de "créer une commission spéciale pour la relance de la MIBA qui doit se pencher sur les 3 préalables sus-évoqués. Ce sont ces points qui vont permettre que des conversations sérieuses se fassent avec les investisseurs", insiste celui qui est également intermédiaire commercial et facilitateur juridique.


Quid des plans de relance antérieurs ?

"Nous apprécions les efforts du comité de gestion (de la MIBA), mais nous pensons que ces efforts sont absolument insuffisants parce que ça fait des années et des années que les efforts sont fournis à hauteur des montants très insignifiants", commente l'expert gemmologue, pour qui les différents plans de relance à "10, 20 ou 40 voire 50 millions de dollars américains ne servent à rien".

La cause, c'est que "la MIBA est sous embargo international. C'est l'État Congolais par son comportement unilatéral qui a poussé au blocage international", accuse celui qui se présente aussi comme "Fils MIBA", c'est-à-dire enfant né d'un employé de ce géant minier d'autrefois et qui a grandi dans le célèbre camp MIBA de Mbuji-Mayi au Kasaï Oriental.

Du coup, l'État congolais "se retrouve aujourd'hui avec 80% des parts mais sans solution", lance Danny Mukendi.


Revenir à la MIBA d'autrefois 

Mais assure-t-il, "la MIBA peut (malgré tout) se relever à tout moment, à condition de la restructurer et de revenir à la MIBA réelle. Il faut avoir de l'honnêteté, rendre compte de notre bourde et renégocier avec la Belgique et lui redonner ses 20 ou 30% des parts", exhorte ce Congolais qui vit en Belgique. 

"Notre nationalisme aveugle a poussé celui qui était le pourvoyeur des fonds, celui qui garantissait le bon fonctionnement de la MIBA à la sortie. Depuis que la SIBEKA (société de droit belge) est partie, la MIBA est foutue", lâche-t-il

Et pourtant, "le niveau de projection et de vision technique tel que conçu en Belgique n'est pas le même que ce que nous faisons actuellement. C'est la combinaison de ces 2 forces (Belge et Congolaise) qui donnait à la MIBA, la possibilité de travailler correctement et d'avoir une prospérité", indique-t-il avec nostalgie. 


Éric Lukoki

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