Les rideaux sont tombés ce samedi 24 août sur les travaux de la deuxième table ronde, ouverts depuis mardi, et consacrés à l'
identification de moyens et mécanismes pouvant accompagner la mise en oeuvre de la gratuité de l'éducation de base sur l'ensemble du territoire national congolais. De ces assises, il s'est dégagé u
n consensus national autour d'un certain nombre de défis, notamment l'application effective de cette gratuité dès le lundi 2 septembre prochain, date marquant la rentrée de l'année scolaire 2019-2020.
Pour le ministre intérimaire de l'Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP), qui se félicite de la tenue de ces assises, des études et des réflexions sur le financement de l'éducation de base doivent se poursuivre.
"Notre objectif devra désormais être la concrétisation de toutes les mesures d'encadrement et d'accompagnement issues de cette table ronde. Je dois avouer qu'une tâche encore plus ardue nous attend chacun et chacune dans sa sphère de responsabilité. Nous devons exécuter notre mission avec dévouement et patriotisme, avec les moyens matériels et financiers disponibles, tout en continuant à réflechir sur des voies et moyens de mobilisation des ressources nécessaires pour assurer à la jeunesse de notre pays la pleine gratuité de l'éducation de base", indique le ministre.
"Il est vrai que notre pays éprouve encore d'énormes difficultés pour réunir des moyens à cet effet. Elles sont d'autant plus aggravées que nos ménages sont caractérisés par une faiblesse de revenus. C'est pourquoi nous devons poursuivre des études et réflexions autour du financement de ce secteur", souligne Emery Okundji.
Déclaration finale des travaux de la table ronde
Autour du contenu de cette gratuité de l'éducation de base, les participants ont émis le souhait qu'elle soit traduite par l'amélioration et le paiement des salaires de tous les enseignants, l'accroissement et le paiement des frais de fonctionnement des écoles et bureaux gestionnaires, la dotation des manuels scolaires et des kits pédagogiques ainsi que la construction et la réhabilitation des infrastructures scolaires conséquentes.
Même si ce consensus appelle à l'effectivité de la gratuité dès ce mois de septembre, les participants reconnaissent son caractère progressif et appellent à la mise en place d'un dispositif de suivi et évaluation du processus ainsi engagé. Enfin, la table ronde innove en ce qu'elle recommande la création d'un impôt de solidarité en faveur de l'éducation. Son but est d'augmenter le financement de l'enseignement de base et de réduire la pression sur les ménages dans ce secteur, précise Jacques Tshimbalanga, coordonnateur de la coalition nationale de l'éducation pour tous.
Le partenariat, étant consacré par la loi cadre de l'enseignement national comme mode de gestion du système éducatif congolais, la table ronde a connu la participation de représentants de la Présidence de la République, du gouvernement, des ministres provinciaux en charge de l'éducation, de la société civile, de syndicats des enseignants, des confessions religieuses et des partenaires techniques.
Les partenaires éducatifs ont souligné
"l'importance de la gratuité de l'éducation de base" qu'ils considèrent comme
"un lévier essentiel à un enseignement universel, inclusif et de qualité, saluant en passant la décision prise par le président de la République pour sa matérialisation dès la rentrée scolaire de septembre 2019".
Des recommandations: gouvernement et partenaires En rapport avec les salaires et frais de fonctionnement, les participants recommandent
"au gouvernement la prise en charge des enseignants debout et assis, non payés et nouvelles unités ainsi que l'amélioration des salaires de tous les enseignants",
d'
octroyer "une prime et diplôme aux enseignants pédagogues" , de prévoir
"une prime de technicité d'école technique et professionnelle", de pratiquer une politique de "revalorisation de frais de fonctionnement dans toutes les écoles d'enseignement de base et dans tous les bureaux gestionnaires", sans oublier la
"valorisation de la prime d'itinérance des inspecteurs et la restauration d'une prime de brousse au profit des enseignants dans les milieux ruraux".
Au ministère de l'EPSP, les participants suggèrent "le recrutement de nouveaux inspecteurs et enseignants, en vue de garantir un meilleur encadrement pédagogique et de proximité".
Des partenaires éducatifs, les participants attendent l'accompagnement du gouvernement de la République dans ses efforts de la mise en oeuvre de la gratuité de l'éducation de base.
En rapport avec les autres mesures d'encadrement de la gratuité, ils exigent le remboursement de tous les frais perçus aux parents par les écoles et bureaux gestionnaires, proposant même des sanctions en cas de refus.
La gratuité de l'éducation de base concerne tous les élèves des écoles publiques, c'est-à-dire conventionnées et celles dites officielles. L’enseignement primaire est constitutionnellement décrété "gratuit et obligatoire" (art. 43 alinéa 5 de la constitution du 18 février 2006). Mais cette disposition de la loi fondamentale n'a jamais été appliquée.
Pour assurer la gratuité de l’enseignement au cours de l’année scolaire 2019-2020, le ministère de l’EPSP avait présenté au président de la République un projet de budget de 2,9 milliards USD, enveloppe similaire à celle définie par les objectifs de développement durable. Sur ce total, 1,6 milliards soit 54% devront être affectés à l’enseignement de base.