''Selon nos statistiques, il y a eu 35 détenus décédés au mois de janvier. Au mois de février, nous estimons qu'il y a plus de 29 décès parce qu'il y a eu près de 5 morts du 21 février au 28 février à ce jour", révèle, sur TOP CONGO FM, Emmanuel Cole, président de la fondation Bill Clinton pour la paix en RDC.

Pour ce défenseur des droits des prisonniers, les raisons de ces décès massifs sont notamment, "l'étouffement. Bien que la ministre de la Justice travaille pour diminuer le nombre de détenus à Makala mais ça ne suffit pas, parce que vous pouvez bien manger, bien vous soigner, mais lorsqu'il y a l'étouffement, c'est invivable".

Délabrement des infrastructures

''Il y a le pavillon 7 qui doit rapidement être réhabilité pour aider à désengorger un peu les autres pavillons. Ça fait aujourd'hui un an que ce n'est toujours pas réhabilité. Le pavillon 6 est dans un très mauvais état. Le pavillon 6b est visiblement sur le point de s'écrouler mais les détenus y demeurent encore", alerte-t-il.

Au niveau du pavillon 11, ''il y a des malades chroniques qui étaient au pavillon 7, mais ils sont maintenant logés au pavillon 11 qui a été réhabilité par le président de la République. Ils sont surpeuplés. C'est impossible d'arriver là-bas parce qu'il y a des odeurs, des infections et autres".

Et de s'interroger : "est-ce que l'État a les moyens de soigner plus de 10 mille personnes ? Il n'y a pas assez de médicaments. Comment les gens peuvent y vivre ?".

Il faut révoquer des magistrats indisciplinés

''Il y a un sérieux problème de procédure judiciaire. Aujourd'hui, il y a 10 790 détenus à Makala. Sur ce total, il y a seulement près de 2400 détenus condamnés. Donc plus 70 000 sont des détenus préventifs,'' déplore Emmanuel Cole.

"Il faut que le président de la République prenne la décision, la mesure prise à l'époque par Kabila le père. Il faut révoquer des magistrats indisciplinés. Même au sommet", préconise-t-il.

"La Cour de cassation, la Cour constitutionnelle, elles-mêmes font traîner les jugements. Le jugement est normalement prononcé dans le délai de la loi, mais nous avons des dossiers au niveau de la Cour constitutionnelle, mais elle fait un an, il n'y a pas de jugements".

Il constate que "si c'est le cas au sommet, comment les Cours et Tribunaux peuvent faire ce travail ? Il faudra d'abord que les choses changent au sommet".

Construite à l'époque coloniale pour accueillir 1500 prisonniers, la plus grande maison carcérale de Kinshasa accueille aujourd'hui plus de 11 000 dans une promiscuité déconcertante.

Dieumerci Lusakumunu