"Les victimes de la pollution des rivières Kasaï et Tshikapa abandonnées" (Guy Mafuta)

"Rien n'a jamais été fait ni par la partie Angolaise encore moins celle Congolaise. La partie Angolaise n'a pas suivi les orientations de la partie Congolaise. La Commission mixte qui devait évaluer les dégâts" n'a jamais été mise en place, se plaint, sur TOP CONGO FM, le député national, élu de Tshikapa Guy Mafuta, à propos de la pollution des eaux des rivières Tshikapa et Kasaï, causée le 24 juillet 2021, par une importante avarie du système de drainage et de rejet de la méga mine de diamants de Catoca, province de Lunda Su en Angola.
Diplomatie à l'arrêt
"Même au niveau diplomatique, tout est au point mort. Je ne sais pas pourquoi on en est resté là sur le plan diplomatique sans aucune explication rationnelle", enfonce Guy Mafuta.
"Ce qui est dommage, ce qu'on pense que tout est passé et que la situation est redevenue normale. Cela n'est pas sérieux", s'agace-t-il.
Et pourtant, soupire le député, "à ce jour, il y a eu zéro forage fait pour donner de l'eau potable à la population".
L'élu du chef-lieu de la province de Kasaï indique avoir même, pour ce faire, "approché le gouvernement, par le biais de la vice-Première ministre chargée de l'Environnement. J'ai des correspondances, elle a même été invitée par la commission environnementale de l'Assemblée nationale, mais il n'y a pas eu de suite", lâche-t-il.
Élu sous la bannière PPRD et passé, depuis dans la majorité Union sacrée, Guy Mafuta révèle que la "forte délégation de 5 ministres" dépêchée sur la zone après ce drame, ne "s'est limitée qu'à déposer quelques vivres dans la ville de Tshikapa en sus de quelques produits (médicaux) qui n'avaient rien à voir avec les pathologies rencontrées".
Et d'énumérer : "nous avons vu des bâches, gants, gourdes et quelques aspirines. Pendant que les pathologies qui secouaient la population étaient connues, le ministre de la Santé est resté bouche cousue sans même évaluer la situation", accuse-t-il encore.
Pire, confie-t-il, "nous nous sommes organisés seuls pour acheminer ces vivres dans les zones sinistrées, le long de la rivière".
Du coup, "on s'est demandé pourquoi dépenser autant d'argent pour une mission ministérielle pendant qu'on a rien prévu pour la logistique ne serait-ce que pour acheminer les vivres dans les villages riverains affectés", s'interroge Guy Mafuta.
Il y aura procès
"C'est ce qui nous a poussé à organiser la population. Nous avons pu recueillir plus de 7800 plaintes et avons fixé l'affaire au Tribunal de grande instance de Tshikapa", annonce celui qui, dans une autre vie, est aussi avocat.
"Donc il y a aura procès le 21 mars prochain à Tshikapa. C'est une action collective à responsabilité civile parce que le pollueur est connu, c'est une société Angolaise Katoka mining. Si nous avons un jugement à notre faveur, nous (tenterons de) faire exécuter (ce) jugement pris dans un autre pays", explique Guy Mafuta.
Les présidents Tshisekedi et Sassou Nguesso joignent leur efforts pour gérer la catastrophe écologique des fleuves Tshikapa et Kasaï causée par un accident dans la mine de diamants angolaise de Catoca… Mais Luanda se mure dans le silence.
Au total, ce sont 13 zones de santé ont été touchées par la pollution au nickel et au ferrosilicium des cours d'eau (Tshikapa et Kasaï) qui se trouvent être des affluents du fleuve Congo.
On a dénombré plus de 10 000 cas de dysenterie et d’éruptions cutanées graves parmi les populations riveraines alors que plusieurs dizaines de milliers de poissons sont morts de contamination.
D'après des experts, la liste des dégâts collatéraux devrait s'élargir dans les mois. Le risque majeur étant une contamination des eaux souterraines du fleuve Congo en amont de Kinshasa et de Brazzaville pendant plusieurs années.
Éric Lukoki