"Au lieu de parler de la réconciliation, c'est comme si on a voulu nous mettre dans un contrat d'adhésion où il y avait déjà des histoires préparées et vous venez, vous signez et puis c'est fini", raconte, amer, à TOP CONGO FM, Jean-Claude Muyambo, notable Katangais et participant au Forum pour l'unité et la réconciliation Katangaises, au lendemain de sa clôture.

"La réconciliation en Afrique du sud, c'était entre les bourreaux et les victimes. Mais ici, on n'a même pas parlé de ça", se désole cet ancien pensionnaire de la prison centrale de Makala, arrêté en janvier 2015, lors d'une manifestation contre un éventuel 3ème mandat de Joseph Kabila, pour officiellement une affaire de stellionat.

"On a commencé à nous parler de nos coutumes (et d'autres) histoires. Au finish, on nous a amené un document où les gens devaient apposer leurs signatures. Ça ne se passe pas comme ça", s'insurge l'ancien bâtonnier.

À la question de savoir si la poignée de mains entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi ne symbolisait justement pas cette réconciliation entre katangais, Jean-Claude Muyambo fait d'abord mine de s'étonner : "ah bon!", avant de s'interroger : "c'est-à-dire qu'eux 2, c'est nous tous les katangais ? Non ! Ce n'est pas ça", tempête-t-il

Forum Kabiliste

"Moi, par exemple, je suis pro-Tshisekedi mais quand je cite le nom de Tshisekedi dans la salle on va huer, mais quand on cite le nom de Shina rambo (sobriquet signifiant homme fort donné à Joseph Kabila par les Kinois), on applaudit… au moins 80% des gens présents étaient du FCC", Front commun pour le Congo, plateforme dirigée par l'ancien Chef de l'État, conclue, du coup, Jean-Claude Muyambo.

La réconciliation, un processus

Pour le député FCC, Felix Kabange Numbi, par contre, les travaux ont atteint leur objectif.

"La réconciliation est un processus. (Elle) se trouve au centre de la vérité, du pardon, de la reconnaissance de la faute ou de la réparation ou justice", pointe l'ancien ministre de la Santé de Joseph Kabila, qui s'étonne de la réaction de Jean-Claude Muyambo.

Et pour cause, "s'il y a quelqu'un à qui on a accordé la parole, aussi bien en plénière que lors de nos réunions en groupe, c'est Jean-Claude Muyambo. Il a parlé de ses frustrations. J'ai eu la chance d'ailleurs d'être dans le même atelier que lui", témoigne Félix Kabange.

"C'est dans cet atelier justement que nous nous sommes demandés mutuellement pardon", ajoute-t-il. 

"Mais, il faut se dire une chose : il y a peut-être des gens qui ont voulu utiliser la tribune de la plénière pour parler de leurs problèmes personnels, réveiller les blessures du passé", laisse-t-il glisser.

Et au sujet de cette chaise bien en vue et à l'écart de la masse réservée à l'ancien président Joseph Kabila, lors de la messe de clôture, l'élu de Malemba-Nkulu répond avec sourire : "il y a des gens qui sont appelés à chercher la petite bête à travers de petits détails. Nous étions lors d'un culte solennel où vous avez été le président honoraire. L'église lui a donné une place de préséance, mais il reste frère", assure Félix Kabange.

"Le respect mutuel, le respect des autorités et d'une certaine hiérarchie fait partie des valeurs de la fraternité katangaise", souligne-t-il.

Éric Lukoki