« J’ai suspendu les rémunérations de 17500 agents fictifs » (Lihau)

"J'ai suspendu 17500 renumerations des agents irréguliers, notamment les cumulars. Mais, je leur ai donné 3 mois pour soumettre des recours à une commission mise en place. Je réhabilite tous ceux qui ont tous les éléments justifiant qu'ils sont en ordre, et ceux qui ne sont pas en ordre sont directement écartés", révèle sur TOP CONGO FM, Jean-Pierre Lihau, vice-Premier ministre en charge de la Fonction publique, au sujet de son action dans le gouvernement Sama une année après investiture.
"Il y a également dans ce lot des faux numéro matricules, des noms d'emprunt, peut-être que le propriétaire est décédé ou même en déplacement, mais il cède son numéro à une autre personne, des retraités mais qui demeurent actifs. J'ai aussi suspendu le cas des agents non admis sous statut, mais qui figuraient dans le fichier de salaire. C'est difficile, mais je le fais sans trembler avec un peu d'humanité parce que certains d'entre eux ont aussi été victimes du système qui était faible".
Le nombre global d'agents toujours pas connu
''Je ne peux pas donner l'effectif des agents de l'État. Je ne veux pas être démagogue. Avant de donner l'effectif global des agents de l'administration publique, il faut qu'un travail millimitré soit fait. Un travail de contrôle et d'identification afin de boucler la constitution du fichier de référence de l'administration publique. C'est à cet instant-là qu'on peut donner des chiffres vérifiables sur le nombre global des fonctionnaires en RDC", rassure Jean-Pierre Lihau.
Qui relève cependant qu'"il y a déjà une certaine idée. Au niveau des services centraux, notamment les secrétariats généraux et les ministère ici à Kinshasa, il y avait des estimations de 450 mille fonctionnaires. Quand je suis arrivé, on a réalisé le fichier de référence de l'administration publique version 2".
Pour lui, "aujourdhui avec le système que nous avons mis en place et certifié, au niveau des services centraux, on a seulement identifié 113 mille agents. Il y a potentiellement plus de 300 mille agents fictifs, mais les données certifient 1013700 agents en lieu et place de 450 mille, comme c'était prétendu au départ".
Il constate qu"'il y a potentiellement plus de 300 mille agents fictifs dans les services centraux de la fonction publique. Il n'y a que 113 mille agents et tous ne sont pas encore certifiés. C'est trop grave. On verra ce que ça va donner dans la suite de l'identification biométrique. Et cela nous donnerons le chiffre précis avant de migrer vers le fichier".
Et de prévenir : "les fraudeurs que nous attraperons, non seulement ils seront radiés de l'administration publique, mais nous allons aussi les déférer devant les instances judiciaires".
Il rassure qu"'à la fin de l'identification biométrique, nous laisserons une période de rattrapage pour tous ceux qui verront qu'ils n'ont pas été repris sur les listes pour déposer leurs recours afin d'entrer dans le système intégré de gestion de ressources humaines et de la paie. Et c'est là que nous aurons finalement des chiffres précis".
Quid des provinces ?
Au niveau des provinces, au départ, il y avait la prétention d'au moins "1,8 millions fonctionnaires à l'intérieur du pays. Mais après la récolte des données, nous avons plus ou moins 600 mille personnes dans l'administration publique. Une affaire de plus de 480 mille agents fictifs".
La Fonction publique en chantier
"La fonction publique d'une manière est en chantier. Un an après notre investiture, un travail de fond se fait. Par rapport au diagnostic que nous avons fait, à l'étendue des problèmes et la profondeur du mal qui gangrène l'administration publique, on ne pouvait pas faire du bricolage".
Jean-Pierre Lihau dit avoir "refusé d'emprunter la voie de la facilité. On a préféré traiter le mal dans sa source et donner des solutions durables à ces défis".
La thérapie de choc que j'ai utilisée, "c'est arrêter l'hémorragie. Je veux surtout dire qu'on a pris la décision de fermer les robinets de recrutement, l'irrationalité qui existait dans les admissions sous statut. Le recrutement se faisait de manière irrationnelle dans notre administration. Le recrutement dans l'administration publique doit désormais se faire en tenant compte du besoin réel".
Dieumerci Lusakumunu