Incendie de Debonhomme, « le Parquet de Matete s'est déjà saisi » (Budimbu)

''Le Parquet de Matete s'est déjà saisi du dossier (de l'incendie d'un dépôt de stockage de carburant à Debonhomme). Et la propriétaire de ce dépôt est effectivement une dame, mais qui n'est pas du ministère des Hydrocarbures comme cela a été dit le jour du drame à Matete. Cette dame avait les autorisations, mais qui ont expiré depuis 2019. Donc, elle n'a plus aucune autorisation", révèle, invité du magazine Le Débat sur TOP CONGO FM, Didier Budimbu, ministre des hydrocarbures.
"Je ne peux plus commenter à partir du moment où l'affaire est déjà en justice, mais je crois que le parquet mènera à bien ce procès pour que la propriétaire réponde de ses actes".
Traque des dépôts clandestins
''Un grand travail s'abat à ce jour sur le terrain. J'ai mis en place une Task force qui réunit les agents du ministère des Hydrocarbures, quelques délégués des ministères de l'Économie et des Finances. Nous avons également sollicité l'accompagnement du ministère de l'Intérieur. Le général Kasongo nous a donné 21 éléments", fait savoir Didier Budimbu, près de 15 jours après la mise en place d'une brigade chargée de nettoyer ce secteur.
"Nous avons déjà fermé plus de 3 dépôts qui ne répondent pas aux normes à Kingabwa, 2 à Limete et les autres à Mariano. Nous sommes allés même jusqu'à chez Eco-trans et nous avons constaté qu'ils sont dans les normes, mais leurs produits ne sont pas marqués. Il s'agissait des produits de contrebande. Ils ont d'ailleurs une amende de 300 mille dollars à payer au trésor public avant de reprendre leurs activités".
Il reste convaincu que ''c'était la meilleure décision à prendre. Hier, il y a eu un incendie à Shabunda au Sud-Kivu, à cause justement soit d'un dépôt clandestin soit d'un dépôt reconnu par l'Etat, mais qui ne répond pas aux normes".
Ne pas reculer devant la pression
Malgré la manifestation de colère des tenanciers de dépôts de stockage de carburant et de vendeurs de carburant à la sauvette communément appelés Kadhafi devant son cabinet le lundi 28 mars, Didier Budimbu persiste : "nous ne céderons pas à la pression. S'ils sont dans les normes, nous les laisserons travailler".
Il rassure que "nous leur demandons juste de se conformer aux règles. S'il faut même délocaliser tous les dépôts autour des habitations, nous le ferons. Peu importe les manifestations et même des élus qui les soutiennent sans maîtriser le dossier, nous ne reculons pas d'un pouce. J'ai déjà donné les directives et le ministère de l'Intérieur nous appuie pour exécutions sur le terrain".
Brigade en marche
Après avoir annoncé la mise en place de la brigade des Hydrocarbures lors de sa descente au lieu de l'incendie qui a causé mort d'homme à Debonhomme, il indique que ''cette brigade ferme automatiquement tous les dépôts clandestins, mais aussi tous ceux qui ne répondent pas aux normes. Il y en a certains qui sont près des habitations, non sécurisés, les gens y fument la cigarette. Si vous regardez les images et la quantité des produits saisis, c'est choquant".
Et de renchérir : "nous envisageons d'ailleurs comment les aider à délocaliser leur dépôt peut-être vers Kasangulu et Maluku. On travaille sur ça parce que ces dépôts ne peuvent pas rester au milieu des habitations pour causer des nouveaux drames".
Pour Didier Budimbu, ''cette opération prendra le temps qu'il faudrait parce que nous nous battons pour qu'elle s'étende au niveau national. Et cette brigade sera permanente pour poursuivre le contrôle de l'aval pétrolier, contrôler les permis au niveau des stations".
Renforcer l'autorité des hydrocarbures
Pour réussir cette mission, le ministre des Hydrocarbures compte sur l'appui du gouvernement et de l'Assemblée nationale.
"On va essayer de faire passer des textes au niveau du Conseil des ministres et de l'Assemblée nationale pour donner plus de force aux hydrocarbures afin de retirer les autorisations de commercialisation aux stations mal construites pour protéger la population. Nous réunissons tous les documents afin d'être en ordre du point de vue juridique pour agir selon la loi. Il faut s'attendre à des insultes de la part de ceux de cette profession contre ma personne. Je suis prêt et je ne ferai que mon travail".
Aux manifestants, il rappelle qu'''on peut avoir tous les documents, l'État peut vous accorder une autorisation et vous octroyer un titre de commercialisation, mais ce document pose des conditions pour exercer ce commerce. Quand on ne respecte pas les règles, les lois requises par les services des Hydrocarbures, on va soit sceller préventivement le dépôt, soit retirer les autorisation. C'est pour cette raison que j'ai invité les Kadhafi ce jeudi afin d'être plus clair avec eux. Ils peuvent avoir leurs documents mais est-ce que leurs dépôts ne mettent pas en danger la population".
Il annonce également qu"'après les dépôts, cette brigade va suivre de près même la situation de la vente de carburant même dans les rues".
En ce qui concerne les stations qui pullulent dans la ville, Didier Budimbu précise aussi que ''c'est nous qui octroyons le permis de commercialisation après les avis techniques de l'administration et du secrétariat général. Mais, quand il faut construire, les autorisations de bâtir, ne relève pas de notre compétence, mais avec cette brigade, nous suivrons jusqu'en aval pour voir où se trouvent les entrepôts. Si nous constatons que vous avez un permis, mais la gestion mets en danger la vie des populations, nous allons retirer les permis".
Un incendie s'est déclaré dans la nuit du dimanche à lundi 28 mars dernier au village Evary, groupement de Bamuguba, dans le territoire de Shabunda, dans la province du Sud-Kivu. Le bilan provisoire a fait état de 4 morts, 4 blessés et plus de 200 maisons consumées.
Selon l'administrateur du territoire de shabunda qui a livré cette information, le mauvais stockage du carburant serait à la base de ce drame.
Dieumerci Lusakumunu